{"id":104,"date":"2014-09-02T17:43:32","date_gmt":"2014-09-02T17:43:32","guid":{"rendered":"https:\/\/betemps.eu\/?p=104"},"modified":"2019-07-11T22:27:53","modified_gmt":"2019-07-11T20:27:53","slug":"lalimentation-verrayes","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/betemps.eu\/lalimentation-verrayes\/","title":{"rendered":"L&#8217;alimentation \u00e0 Verrayes"},"content":{"rendered":"<p>par Lidia Philippot et Alexis B\u00e9temps<\/p>\n<p>tir\u00e9 de <em>&nbsp;<\/em>\u201c<em>Societ\u00e0 e cultura in Valle d\u2019Aosta tra ottocento e novecento : Pierre Louis Vescoz<\/em>\u201d, Imprimerie Vald\u00f4taine, Aoste, 1995, p. 219-226.<\/p>\n<p>L&#8217;histoire de l&#8217;alimentation en Vall\u00e9e d&#8217;Aoste est encore \u00e0 \u00e9crire. <!--more-->Les mat\u00e9riaux, enfouis dans les archives ou \u00e9pars en \u00e9chantillons dans des ouvrages divers ne manquent pas et des contributions importantes bien que sectorielles ont d\u00e9j\u00e0 vu le jour. En premier lieu celle du chanoine Vescoz lui-m\u00eame<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_1');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_1');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_1\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(1)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_1\" class=\"footnote_tooltip\">Vescoz Pierre-Louis, <em>Histoire de la pomme de terre. Son introduction dans la Vall\u00e9e d&#8217;Aoste<\/em>. In: Bulletin de la flore vald\u00f4taine N.F., 1911 Aoste.<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_1').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_1', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script>. Cet article qui s&#8217;ins\u00e8re dans un contexte bien particulier veut pr\u00e9senter aux lecteurs les habitudes alimentaires de la population de Verrayes au d\u00e9but du XXe si\u00e8cle, quand le bon chanoine Vescoz avait d\u00e9j\u00e0 atteint un \u00e2ge v\u00e9n\u00e9rable. Les informations ressortent exclusivement d&#8217;un corpus de douze ethnotextes recueillis par Lidia Philippot aupr\u00e8s de personnes \u00e2g\u00e9es de Verrayes, au cours du premier semestre 1994, qui parlent de leur enfance et de l&#8217;alimentation de l&#8217;\u00e9poque en particulier. L&#8217;article ne veut donc pas \u00eatre exhaustif puisqu&#8217;un seul type de document a \u00e9t\u00e9 pris en consid\u00e9ration. En plus, il s&#8217;agit d&#8217;un type de document bien particulier: le t\u00e9moignage oral, produit de la m\u00e9moire humaine, h\u00e9las, comme l&#8217;on sait, parfois d\u00e9faillante.<\/p>\n<p>Cependant, nous pensons que les t\u00e9moignages oraux, avec leur humanit\u00e9 profonde, et le v\u00e9cu des t\u00e9moins repr\u00e9sentent un instrument privil\u00e9gi\u00e9 pour comprendre de &#8220;l&#8217;int\u00e9rieur&#8221; une communaut\u00e9 donn\u00e9e et ses humeurs.<\/p>\n<p>Les t\u00e9moins interrog\u00e9s, ainsi que tous leurs contemporains de la campagne vald\u00f4taine et pas seulement, ont v\u00e9cu une r\u00e9volution alimentaire probablement unique: ils sont pass\u00e9s d&#8217;un r\u00e9gime extr\u00eamement pauvre, bien que, sauf exceptions, suffisant, \u00e0 l&#8217;opulence qui caract\u00e9rise les habitudes alimentaires de la soci\u00e9t\u00e9 de nos jours. Ils ont connu des changements, voire des bouleversements, qu&#8217;aucune autre g\u00e9n\u00e9ration n&#8217;avait connus. Ils sont pass\u00e9s de la soupe \u00e0 l&#8217;orge aux agnolotti, du pot-au-feu sal\u00e9 des jours de f\u00eate au canard \u00e0 l&#8217;orange, des poires au four aux fruits tropicaux.<\/p>\n<p>Cela a certainement contribu\u00e9 \u00e0 figer dans leur m\u00e9moire ces mets abandonn\u00e9s ou presque qui les ont soutenus pendant leur enfance et ces rares moments particuliers o\u00f9 l&#8217;on mangeait quelque chose d&#8217;un peu diff\u00e9rent qui, automatiquement, devenait une gourmandise.<\/p>\n<p>Affirmer que le r\u00e9gime alimentaire de Verrayes au d\u00e9but de ce si\u00e8cle est celui de toute la Vall\u00e9e d&#8217;Aoste rurale de l&#8217;\u00e9poque serait exag\u00e9r\u00e9. Dans chaque petite communaut\u00e9, en fonction surtout de la production locale, il y avait des diff\u00e9rences. Dans la basse Vall\u00e9e et dans certaines communes de l&#8217;ubac la ch\u00e2taigne avait une place pr\u00e9pond\u00e9rante; dans les hautes vall\u00e9es, riches en alpages, le lait et ses produits \u00e9taient plus largement consomm\u00e9s, pr\u00e8s des grands centres o\u00f9 les activit\u00e9s artisanales \u00e9taient plus d\u00e9velopp\u00e9es et l&#8217;argent liquide circulait davantage le r\u00e9gime \u00e9tait un peu plus vari\u00e9. Sans parler des diff\u00e9rences culturelles, minimes le plus souvent mais parfois importantes: par exemple, \u00e0 Gressoney, communaut\u00e9 walser, on fumait la viande pour la conservation, pratique inconnue ailleurs. Fort probablement, les \u00e9carts entre Verrayes et les communes de la vall\u00e9e centrale, de Saint\u00adVincent \u00e0 Saint-Pierre \u00e9taient pratiquement inexistants. Quelques diff\u00e9rences un peu plus marqu\u00e9es existaient certainement, comme nous venons de le dire, dans la Basse Vall\u00e9e, dans la Haute Vall\u00e9e et dans les vall\u00e9es lat\u00e9rales. Mais ces diff\u00e9rences ne doivent pas \u00e0 notre avis \u00eatre soulign\u00e9es avec trop d&#8217;emphase: finalement, \u00e0 l&#8217;int\u00e9rieur de la Vall\u00e9e d&#8217;Aoste, la paysannerie vivait plus ou moins dans les m\u00eames conditions socio-\u00e9conomiques et l&#8217;alimentation en est le reflet fid\u00e8le.<\/p>\n<p>Le r\u00e9gime alimentaire est \u00e9troitement li\u00e9 \u00e0 la production locale, \u00e0 la disponibilit\u00e9 financi\u00e8re, aux exigences de conservation, aux \u00e9changes commerciaux \u00e9ventuels. A Verrayes la production locale \u00e9tait essentiellement le r\u00e9sultat d&#8217;une agriculture de subsistance: c\u00e9r\u00e9ales, l\u00e9gumes, pommes de terre, chanvre, quelques arbres fruitiers (poiriers, pommiers, noyers surtout). Tout le monde avait aussi un peu de b\u00e9tail: quelques vaches (avec plus de deux ou trois t\u00eates on \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 presque ais\u00e9), quelques ch\u00e8vres et moutons, des poules&#8230;<\/p>\n<p>Verrayes est l&#8217;une des rares communes vald\u00f4taines qui n&#8217;a pratiquement pas d&#8217;alpages en altitude : cela, ajout\u00e9 \u00e0 la rentabilit\u00e9 m\u00e9diocre de la campagne que les &#8220;rus&#8221; n&#8217;arrivent pas \u00e0 fertiliser suffisamment, au fractionnement de la propri\u00e9t\u00e9 qui augmente le travail, explique le r\u00f4le relativement r\u00e9duit de l&#8217;\u00e9levage. En bas, il y avait les vignes qui, en partie, \u00e9taient propri\u00e9t\u00e9 des gens des vall\u00e9es lat\u00e9rales: Ayas, Valtournenche, Torgnon&#8230;<\/p>\n<p>Pour pouvoir manger toute l&#8217;ann\u00e9e, il fallait conserver les produits de l&#8217;\u00e9t\u00e9 et de l&#8217;automne pour la mauvaise saison. Pas seulement: il fallait privil\u00e9gier au moment de la semaille les produits les plus facilement conservables: pommes de terre, choux, raves, haricots, f\u00e8ves, lentilles, poireaux, betteraves, carottes. Les techniques de conservation \u00e9taient diff\u00e9rentes: le s\u00e9chage (haricots, f\u00e8ves, lentilles), la salaison (choux). Pour les pommes de terre et les raves il suffisait de disposer d&#8217;un endroit frais: la cave; les poires \u00e9taient candies au four, le beurre fondu, la viande sal\u00e9e puis s\u00e9ch\u00e9e. La boucherie \u00e9tait une activit\u00e9 hivernale: pratiquement pas de viande en \u00e9t\u00e9, sauf pour les chasseurs et les riches, qui \u00e9taient rares, d&#8217;ailleurs. Les disponibilit\u00e9s financi\u00e8res des familles ordinaires \u00e9taient tr\u00e8s r\u00e9duites et difficilement investies pour l&#8217;achat de denr\u00e9es alimentaires : il fallait bien acheter du sel, du rouge, pour le b\u00e9tail et du blanc pour la conservation des aliments et pour l&#8217;usage humain; on achetait quelques \u00e9pices pour la charcuterie, puis quelques &#8220;gourmandises&#8221;: du sucre et du caf\u00e9&#8230; Sans argent liquide, on privil\u00e9giait les \u00e9changes: du froment contre des ch\u00e2taignes et de la farine de ma\u00efs, avec les F\u00e9nisans, par exemple.<\/p>\n<p>Les familles \u00e9taient nombreuses : nourrir sept ou huit enfants \u00e9tait une affaire s\u00e9rieuse.<\/p>\n<p>Le petit d\u00e9jeuner \u00e9tait frugal: un morceau de &#8220;troillet&#8221;<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_2');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_2');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_2\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(2)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_2\" class=\"footnote_tooltip\">Pain de noix, ce qui reste apr\u00e8s avoir press\u00e9 la noix pour en tirer l\u2019huile.<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_2').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_2', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script>, deux &#8220;pach\u00f4n&#8221; (poires cuites au four qui se conservaient pendant plus d&#8217;une ann\u00e9e), quelques ch\u00e2taignes r\u00f4ties la veille pour les enfants: et il fallait les compter pour que tout le monde en ait la m\u00eame quantit\u00e9. Les adultes prenaient plut\u00f4t de la soupe rechauff\u00e9e et du pain de seigle \u00e0 volont\u00e9.<\/p>\n<p>Le lait \u00e9tait pr\u00e9cieux: les vaches \u00e0 l&#8217;\u00e9poque donnaient moins de lait et le lait \u00e9tait pour les veaux d&#8217;abord, puis pour le beurre et le fromage. Cependant, on en pr\u00e9levait un bol pour les enfants en bas \u00e2ge, pour les personnes \u00e2g\u00e9es et pour les malades. Le caf\u00e9 au lait ou le bouillon de viande \u00e9taient pour les plus riches et tout \u00e0 fait exceptionnellement! Le repas de midi \u00e9tait le principal: l\u00e9gumes, pommes de terre ou polenta, la viande (pot\u00adau-feu) en hiver, les jours de f\u00eate. Puis le soir, la soupe ou &#8220;lo pel\u00f4&#8221; (soupe d&#8217;orge), du pain et du fromage maigre. Le repas \u00e9tait pr\u00e9par\u00e9 par les femmes et servi sans ordre pr\u00e9cis. Les femmes n&#8217;avaient pas beaucoup de temps \u00e0 d\u00e9dier \u00e0 la cuisine et moins encore \u00e0 l&#8217;\u00e9laboration de nouvelles recettes. Elles devaient d&#8217;abord s&#8217;occuper des enfants, assurer le m\u00e9nage, vaquer au b\u00e9tail, arroser les pr\u00e9s, sarcler les champs, moissonner, etc.<\/p>\n<p>Pendant les grands travaux de l&#8217;\u00e9t\u00e9, il y avait le go\u00fbter aussi, et les casse-cro\u00fbtes (resseugn\u00f4n) quand on &#8220;travaillait \u00e0 la lune&#8221;, c&#8217;est-\u00e0-dire quand des groupes de jeunes piochaient, semaient ou moissonnaient les champs, fauchaient les pr\u00e9s la nuit.<\/p>\n<p>Les c\u00e9r\u00e9ales recouvrent une partie importante du territoire cultivable de Verrayes. Seigle et froment \u00e9taient utilis\u00e9s pour faire le pain : des pains ronds, plats en dessous, vingt centim\u00e8tres \u00e0 peu pr\u00e8s de diam\u00e8tre. Cent cinquante, deux cents pains devaient suffire pour une ann\u00e9e \u00e0 une famille pauvre de huit personnes. Le pain \u00e9tait cuit \u00e0 la fin de l&#8217;automne mis s\u00e9cher sur des r\u00e2teliers et au bout de quelques mois il devenait dur comme le roc. A table, apr\u00e8s avoir trac\u00e9 un signe de croix sur sa partie plate, le chef de famille le cassait et le distribuait. Ceux qui pouvaient se le permettre cuisaient le pain deux fois par an: en automne et au printemps pour avoir du pain frais pour l&#8217;\u00e9t\u00e9. Les plus riches faisaient aussi une fourn\u00e9e apr\u00e8s la moisson. Le pain d&#8217;orge \u00e9tait peu appr\u00e9ci\u00e9 et l&#8217;expression idiomatique patoise &#8220;gross\u00e9 comme eun pan d&#8217;ordzo&#8221; (grossier comme du pain d&#8217;orge) nous en donne la raison. L&#8217;orge \u00e9tait plut\u00f4t utilis\u00e9 pour le &#8220;pel\u00f4&#8221;, soupe enrichie de quelques l\u00e9gumes (haricots, lentilles, poireaux, raves, pommes de terre).<\/p>\n<p>Le &#8220;pel\u00f2&#8221; de froment moins &#8220;grossier&#8221; \u00e9tait particuli\u00e8rement appr\u00e9ci\u00e9. La cuisson du pain \u00e9tait aussi l&#8217;occasion pour pr\u00e9parer pour les enfants les &#8220;flantse&#8221;, qu&#8217;on faisait avec la m\u00eame p\u00e2te, parfois avec un peu de sucre ou quelques poires hach\u00e9es. C&#8217;\u00e9tait une sorte de gros biscuit, aux formes diff\u00e9rentes reproduisant l&#8217;image stylis\u00e9e de coqs, poissons, bonhommes, etc. Le pain blanc (&#8220;lo meutch\u00f4n&#8221;) \u00e9tait une gourmandise des grandes f\u00eates ou le cadeau occasionnel pour les enfants de la part du p\u00e8re qui rentrait du march\u00e9 ou de la foire. La miche de pain \u00e9tait coup\u00e9e en tranches fines, distribu\u00e9es \u00e9quitablement aux enfants. Le dimanche aussi, \u00e0 l&#8217;\u00e9glise on distribuait le pain b\u00e9nit. Les adultes souvent gardaient ce morceau de pain blanc pour en faire cadeau aux enfants, en rentrant \u00e0 la maison. \u00abEt que te baille i neutre min\u00f4 pe le fae cont\u00e8n, comme no ad\u00f4n, \u00e8n toqu\u00e8 de pan blan?\u00bb<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_3');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_3');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_3\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(3)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_3\" class=\"footnote_tooltip\">Quoi offrir \u00e0 nos enfants pour les rendre heureux comme nous l\u2019\u00e9tions en recevant un bout de pain blanc?<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_3').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_3', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script> nous a demand\u00e9 un t\u00e9moin. Le pain blanc \u00e9tait une chose rare g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e dans toute la Vall\u00e9e d&#8217;Aoste jusque dans ce dernier apr\u00e8s-guerre. Dans les ann\u00e9es cinquante, \u00e0 Valgrisenche, quand un enfant posait la question \u00abO\u00f9 est maman?\u00bb la r\u00e9ponse un peu badine \u00e9tait souvent : \u00abNous l&#8217;avons vendue pour acheter une miche de pain blanc\u00bb.<\/p>\n<p>\u00abFran de fan, na&#8230; n&#8217;ae-pou\u00e9 todzor pr\u00f2i de pan&#8230;\u00bb<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_4');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_4');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_4\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(4)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_4\" class=\"footnote_tooltip\">Vraiment la faim, jamais\u2026 il y avait quand m\u00eame toujours assez de pain\u2026<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_4').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_4', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script>, nous dit un t\u00e9moin.<\/p>\n<p>Et avec le pain, la &#8220;pol\u00e8nta&#8221;, farine de ma\u00efs, eau, un peu de sel et un bon feu pour la cuire, avait un r\u00f4le important. On pouvait la manger sans rien d&#8217;autre : &#8220;pol\u00e8nta chorda&#8221;<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_5');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_5');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_5\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(5)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_5\" class=\"footnote_tooltip\">Litt\u00e9ralement: sourde.<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_5').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_5', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script>, ou bien &#8220;pol\u00e8nta cagnarda&#8221;<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_6');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_6');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_6\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(6)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_6\" class=\"footnote_tooltip\">Litt\u00e9ralement: menteuse.<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_6').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_6', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script> enrichie de pommes de terre pour \u00e9conomiser le ma\u00efs; les jours de f\u00eate ou quand on avait des ouvriers qui devaient \u00eatre en force pour les travaux, on faisait la &#8220;pol\u00e8nta condj\u00e0&#8221;<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_7');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_7');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_7\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(7)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_7\" class=\"footnote_tooltip\">Litt\u00e9ralement: assaisonn\u00e9e.<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_7').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_7', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script> avec du beurre et de la fontine fondus. Quand il y avait des restes, on les utilisait le jour apr\u00e8s: polente fricass\u00e9e, souvent avec des pommes de terre. On accompagnait la polente avec des l\u00e9gumes de saison, des poires cuites, du lait, de la &#8220;beuj\u00e0&#8221;<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_8');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_8');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_8\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(8)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_8\" class=\"footnote_tooltip\">Petit lait, un sous-produit de la fabrication du beurre.<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_8').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_8', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script>, de la br\u00e8che, du s\u00e9ras, ou du fromage. Un t\u00e9moin nous parle aussi de confiture de geni\u00e8vre, la &#8220;dz\u00e8n-\u00e9vr\u00e0&#8221;, rem\u00e8de r\u00e9put\u00e9 contre la mauvaise digestion!<\/p>\n<p>Les &#8220;lasseule&#8221; \u00e9taient une sorte de polente moins consistante qu&#8217;on mangeait parfois le soir.<\/p>\n<p>\u00c0 Verrayes, les champs de ma\u00efs \u00e9taient presque inexistants et on troquait de la farine de froment contre celle de ma\u00efs, avec les F\u00e9nisans.<\/p>\n<p>A partir de la fin du XIXe si\u00e8cle, la pomme de terre a gagn\u00e9 la bataille contre ses d\u00e9tracteurs et devient un support \u00e9minent dans l&#8217;alimentation des Vald\u00f4tains: on la pr\u00e9pare &#8220;beu\u00e8i&#8221; (en chemise), fricass\u00e9e, &#8220;en porch\u00f4n&#8221; (avec des l\u00e9gumes, des poires hach\u00e9es ou parfois un peu de lard), en &#8220;sossa&#8221; avec des haricots et elle accompagnait les l\u00e9gumes et la viande.<\/p>\n<p>\u00abV\u00e9ay\u00f4n, quattro cartifle \u00e9 c\u00e9nq ray\u00f4n d\u00e9d\u00e9n \u00e9n tsav\u00e8n\u00bb<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_9');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_9');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_9\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(9)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_9\" class=\"footnote_tooltip\">Habitants de Verrayes, quatre pommes de terre et cinq axes dans un panier.<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_9').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_9', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script> \u00e9tait la moquerie recourante des habitants des communes environnantes adress\u00e9e \u00e0 ceux de Verrayes, signe \u00e9vident que la rave aujourd&#8217;hui presque oubli\u00e9e avait sa bonne place dans l&#8217;alimentation des &#8220;V\u00e9ay\u00f4n&#8221;. Sa fortune a certainement d\u00e9clin\u00e9 avec la diffusion de la pomme de terre qu&#8217;on pouvait conserver aussi bien, si non mieux.<\/p>\n<p>Au d\u00e9but du XXe si\u00e8cle, la rave \u00e9tait cependant encore couramment utilis\u00e9e. On la cuisait \u00e0 l&#8217;eau ou bien on la faisait fricass\u00e9e avec un peu d&#8217;huile de noix. Les familles les plus pauvres mangeaient aussi, fricass\u00e9es, l&#8217;herbe et les \u00e9pluchures dess\u00e9ch\u00e9es des raves, avec un peu de beurre ou plus souvent du saindoux. On utilisait aussi les cosses dess\u00e9ch\u00e9es d&#8217;une vari\u00e9t\u00e9 de haricots pour des fricass\u00e9es, apr\u00e8s, bien entendu, avoir utilis\u00e9 les haricots. Puis il y avait des carottes, des poireaux pour la soupe, des f\u00e8ves et des lentilles, dont les nouvelles g\u00e9n\u00e9rations ont pratiquement perdu le souvenir. Avec les choux on pr\u00e9parait la &#8220;repeuta&#8221; (choucroute) qu&#8217;on mangeait pendant l&#8217;hiver, avec des pommes de terre, ou la polente. Les ch\u00e2taigniers sont assez rares \u00e0 Verrayes mais un petit stock de ch\u00e2taignes \u00e9tait conserv\u00e9 dans toutes les familles. On les mangeait r\u00f4ties ou cuites \u00e0 l&#8217;eau. Elles ne manquaient jamais \u00e0 la Toussaint quand, la nuit, on en laissait un petit panier sur la table pour les d\u00e9funts.<\/p>\n<p>Il y avait beaucoup de vari\u00e9t\u00e9s de poires dont les noms \u00e9vocateurs sont en train de se perdre en m\u00eame temps que les esp\u00e8ces: &#8220;glav\u00e9n&#8221;, &#8220;vouillandr\u00f4n&#8221;, &#8220;moscat\u00e9n&#8221;, &#8220;cr\u00e9tch\u00e8n&#8221;&#8230; On pr\u00e9parait les &#8220;pach\u00f4n&#8221;, poires cuites au four pendant 48 heures, qui se conservaient toute l&#8217;ann\u00e9e. Les &#8220;marteun-sec&#8221; on les vendait puisqu&#8217;elles avaient un march\u00e9. Puis des pommes, des prunes.<\/p>\n<p>Les amandes et surtout les noix \u00e9taient cultiv\u00e9es pour l&#8217;huile: rem\u00e8de naturel pour beaucoup de maladies, aliment pour l&#8217;homme et pour les lampes \u00e0 huile, avant le p\u00e9trole. A une \u00e9poque o\u00f9 &#8220;plus c&#8217;\u00e9tait gras, plus c&#8217;\u00e9tait bon&#8221; mais o\u00f9 malheureusement les gras \u00e9taient largement insuffisants, l&#8217;huile de noix \u00e9tait l&#8217;un des principaux ingr\u00e9dients pour assaisonner les mets, il y avait aussi le saindoux, le beurre qu&#8217;on faisait fondre et que l&#8217;on conservait au frais dans des &#8220;doill&#8221; (jarre). Mais le beurre frais, quand on pouvait, on aimait mieux le vendre, ainsi que le fromage et la fontine: pour acheter du sel, des \u00e9pices, des p\u00e2tes et un peu de riz pour la soupe, ou pour faire dans des occasions particuli\u00e8res un peu de &#8220;risot&#8221;.<\/p>\n<p>Le lait \u00e9tait consomm\u00e9 avec parcimonie parce qu&#8217;il fallait en tirer d&#8217;abord le beurre et le fromage. La soupe au lait \u00e9tait coup\u00e9e avec de l&#8217;eau.<\/p>\n<p>Le poulailler \u00e9tait le domaine des femmes: mais les neufs n&#8217;\u00e9taient pas seulement pour la famille. On les vendait dans les bourgs du fond de la Vall\u00e9e, Chambave ou Ch\u00e2tillon, et avec le maigre revenu les femmes achetaient un peu de toile et des &#8220;gourmandises&#8221;: du sucre, du caf\u00e9. On les utilisait pour les rares g\u00e2teaux, les cro\u00fbtes dor\u00e9es ou pour les beignets sal\u00e9s avec un peu de menthe. On faisait aussi des beignets au colostrum&#8230; L&#8217;oeuf fouett\u00e9 avec le sucre et la m\u00e9lisse soulageait les femmes du &#8220;m\u00f4 matrical&#8221;<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_10');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_10');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_10\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(10)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_10\" class=\"footnote_tooltip\">Douleurs f\u00e9minines.<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_10').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_10', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script> et avec le vin tonifiait, en \u00e9t\u00e9, les hommes aux prises avec des travaux particuli\u00e8rement p\u00e9nibles. On offrait aussi les veufs au cur\u00e9 lors de la b\u00e9n\u00e9diction annuelle des maisons.<\/p>\n<p>Les femmes cueillaient aussi des herbes aromatiques, thym sauvage et absinte surtout, pour vendre et se faire un peu d&#8217;argent de poche.<\/p>\n<p>La viande \u00e9tait rare et on la consommait surtout en hiver quand les conditions climatiques en favorisaient la conservation. Ch\u00e8vres et moutons \u00e9taient la base de la boucherie familiale; les plus riches tuaient une vache, bien pr\u00e9cieux qu&#8217;ils partageaient souvent avec des voisins. D&#8217;autres avaient un cochon.<\/p>\n<p>La viande \u00e9tait sal\u00e9e et conserv\u00e9e au frais dans des &#8220;go\u00e8ill&#8221; (cuviers en bois). On la mangeait les jours de f\u00eate: presque exclusivement du pot-au-feu, parfois du fricandeau. Avec les entrailles et les parties les moins bonnes de la b\u00eate on faisait des saucisses et avec le sang des boudins qu&#8217;on arrivait \u00e0 conserver (souvent sous un tas de bl\u00e9) jusqu&#8217;au printemps avanc\u00e9. Le sang frais on le faisait fricasser. Le bouillon du pot\u00adau-feu \u00e9tait une gourmandise que femmes et hommes savouraient parfois, \u00e0 la sortie de la messe, le dimanche, \u00e0 la &#8220;gabella&#8221;<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_11');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_11');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_11\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(11)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_11\" class=\"footnote_tooltip\">Bureau de sel et tabac, qui cependant vendait aussi d\u2019autres denr\u00e9es.<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_11').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_11', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script>, comme petit d\u00e9jeuner, apr\u00e8s la communion. Les enfants, au p\u00e2turage connaissaient tous les fruits sauvages: les m\u00fbres, les fraises, les myrtilles, les framboises mais aussi les prunelles sauvages au go\u00fbt \u00e2pre et les noix de terre, au printemps, le long des champs o\u00f9 la terre avait \u00e9t\u00e9 remu\u00e9e.<\/p>\n<p>Et boire? De l&#8217;eau surtout, et du vin du pays, puisque tout le monde avait un bout de vigne. Mais il ne faut pas croire qu&#8217;on buvait du vin \u00e0 volont\u00e9: \u00e0 table, \u00e0 la campagne, surtout quand les travaux \u00e9taient particuli\u00e8rement durs; \u00e0 l&#8217;occasion des &#8220;belles f\u00eates&#8221; on formait &#8220;la compagni&#8221; et on achetait le &#8220;bar\u00f4&#8221; (baril) de cinquante litres. Quand il y avait des visiteurs la coupe en bois \u00e9tait toujours pleine. En hiver quand le froid \u00e9tait particuli\u00e8rement aigu c&#8217;\u00e9tait le moment du bouillon ou du caf\u00e9 chauds avec un peu de vin. L&#8217;eau de vie \u00e9tait avant tout un rem\u00e8de, mais on en buvait dans certaines occasions, \u00e0 la rentr\u00e9e de la messe de minuit, \u00e0 No\u00ebl notamment ou le matin t\u00f4t quand on allait au bois&#8230;<\/p>\n<p>Et puis comme de tout temps et partout, il y avait les ivrognes. Les femmes, quand elles en avaient, buvaient du caf\u00e9 et pas seulement les femmes&#8230; Le caf\u00e9, le dimanche, \u00e9tait presque un rite entre comm\u00e8res qui se retrouvaient pour \u00e9changer quelques propos. On ne le buvait presque jamais sans y ajouter un petit morceau de beurre frais ou fondu, des amandes pil\u00e9es. Mais le caf\u00e9 \u00e9tait aussi le rem\u00e8de pour tous les maux et il ne fallait pas en abuser.<\/p>\n<p>Les occasions pour des casse-cro\u00fbte champ\u00eatres \u00e9taient fr\u00e9quentes : lors des corv\u00e9es, quand les hommes \u00e9taient loin de la maison, quand on avait des ouvriers \u00e0 la journ\u00e9e, \u00e0 la fin des travaux nocturnes assur\u00e9s par les jeunes, apr\u00e8s le battage du bl\u00e9 : pain, fromage, pommes de terre en chemise, des beignets \u00e0 la menthe, parfois des saucisses et des salades de choux ou de haricots. Et toujours un peu de vin.<\/p>\n<p>Au mois de mai, on faisait &#8220;tchall\u00e0n de mai&#8221;<span class=\"footnote_referrer\"><a role=\"button\" tabindex=\"0\" onclick=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_12');\" onkeypress=\"footnote_moveToReference_104_1('footnote_plugin_reference_104_1_12');\" ><sup id=\"footnote_plugin_tooltip_104_1_12\" class=\"footnote_plugin_tooltip_text\">(12)<\/sup><\/a><span id=\"footnote_plugin_tooltip_text_104_1_12\" class=\"footnote_tooltip\">Litt\u00e9ralement : calendes de mai.<\/span><\/span><script type=\"text\/javascript\"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_104_1_12').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_104_1_12', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [0, 0], });<\/script>: un pique-nique avec des &#8220;rotche do\u00e8ye&#8221; (cro\u00fbtes dor\u00e9es), tranches de pain blanc induites d&#8217;oeuf fouett\u00e9, frites et sucr\u00e9es, que les petits bergers organisaient au p\u00e2turage et que les adultes consommaient dans les pr\u00e9s.<\/p>\n<p>Mais il y avait aussi les f\u00eates : le dimanche, la No\u00ebl, les Rois, P\u00e2ques et puis, la f\u00eate patronale, les mariages&#8230;<\/p>\n<p>Le dimanche \u00e9tait le jour de la viande, surtout en hiver, avec les &#8220;cartifle \u00e8n porch\u00f4n&#8221;, le jour des Rois on pr\u00e9parait la &#8220;fiocca&#8221; (cr\u00e8me fouett\u00e9e), le jour du saint patron ou aux mariages on faisait &#8220;la seuppa ou pan&#8221; avec du pain, du bouillon, du beurre (ou du saindoux) et de la fontine; le pot-au-feu laissait la place au fricandeau; puis fromage, fontine, saucisses et boudins, cr\u00e8me fouett\u00e9e, cro\u00fbtes dor\u00e9es et vin \u00e0 volont\u00e9. Et le souvenir de ces f\u00eates restait longtemps dans la m\u00e9moire des gens.<\/p>\n<p>Le r\u00e9gime alimentaire \u00e0 Verrayes au d\u00e9but de ce si\u00e8cle, comme dans toute la Vall\u00e9e d&#8217;Aoste, \u00e9tait extr\u00eamement frugal et peu vari\u00e9, reflet d&#8217;une pauvret\u00e9 digne que le travail des gens a toujours rendu supportable. On mangeait pour vivre (sauf les jours de f\u00eate) et on essayait d&#8217;utiliser au mieux toutes les ressources disponibles. Sauf rares exceptions, toutes les familles \u00e9taient \u00e0 m\u00eame de se nourrir suffisamment. Il faut dire aussi que les estomacs de l&#8217;\u00e9poque \u00e9taient plus faciles \u00e0 remplir&#8230; Il y a bien s\u00fbr, comme pour d&#8217;autres communes, des t\u00e9moignages particuliers. Un t\u00e9moin nous a parl\u00e9 d&#8217;une pauvre veuve avec quatre enfants qui pour tranquiliser ses petits avait mis cuire des pierres en disant que c&#8217;\u00e9tait des pommes de terre. Les enfants, en attendant ces pommes de terre qui tardaient \u00e0 cuire, se sont endormis. Le matin la veuve a trouv\u00e9 devant la porte un panier de pommes de terre&#8230; La solidarit\u00e9 \u00e9tait donc bien pr\u00e9sente dans la communaut\u00e9. Et c&#8217;est sans doute cette solidarit\u00e9 qui a permis \u00e0 beaucoup de communaut\u00e9s vald\u00f4taines de surmonter les moments difficiles.<\/p>\n<p>T\u00e9moins interrog\u00e9s<\/p>\n<p>Aguettaz Angelina (1902)<br \/>\nFoudon Prosperine (1899)<br \/>\nGorret Pierina (1911)<br \/>\nLavevaz Alfred (1910)<br \/>\nMeynet Lucina (1926)<br \/>\nPhilippot Madeleine (1924)<br \/>\nPignet Rosa (1919)<br \/>\nRoveil S\u00e9raphin (1913)<br \/>\nRoveil Benjamine (1921)<br \/>\nTh\u00e9odule Prospero (Cino) (1924)<\/p>\n<div class=\"speaker-mute footnotes_reference_container\"> <div class=\"footnote_container_prepare\"><p><span role=\"button\" tabindex=\"0\" class=\"footnote_reference_container_label pointer\" onclick=\"footnote_expand_collapse_reference_container_104_1();\">Notes<\/span><span role=\"button\" tabindex=\"0\" class=\"footnote_reference_container_collapse_button\" style=\"display: none;\" onclick=\"footnote_expand_collapse_reference_container_104_1();\">[<a id=\"footnote_reference_container_collapse_button_104_1\">+<\/a>]<\/span><\/p><\/div> <div id=\"footnote_references_container_104_1\" style=\"\"><table class=\"footnotes_table footnote-reference-container\"><caption class=\"accessibility\">Notes<\/caption> <tbody> \r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_1');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_1\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>1<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Vescoz Pierre-Louis, <em>Histoire de la pomme de terre. Son introduction dans la Vall\u00e9e d&#8217;Aoste<\/em>. In: Bulletin de la flore vald\u00f4taine N.F., 1911 Aoste.<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_2');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_2\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>2<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Pain de noix, ce qui reste apr\u00e8s avoir press\u00e9 la noix pour en tirer l\u2019huile.<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_3');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_3\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>3<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Quoi offrir \u00e0 nos enfants pour les rendre heureux comme nous l\u2019\u00e9tions en recevant un bout de pain blanc?<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_4');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_4\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>4<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Vraiment la faim, jamais\u2026 il y avait quand m\u00eame toujours assez de pain\u2026<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_5');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_5\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>5<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Litt\u00e9ralement: sourde.<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_6');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_6\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>6<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Litt\u00e9ralement: menteuse.<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_7');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_7\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>7<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Litt\u00e9ralement: assaisonn\u00e9e.<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_8');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_8\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>8<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Petit lait, un sous-produit de la fabrication du beurre.<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_9');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_9\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>9<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Habitants de Verrayes, quatre pommes de terre et cinq axes dans un panier.<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_10');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_10\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>10<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Douleurs f\u00e9minines.<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_11');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_11\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>11<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Bureau de sel et tabac, qui cependant vendait aussi d\u2019autres denr\u00e9es.<\/td><\/tr>\r\n\r\n<tr class=\"footnotes_plugin_reference_row\"> <th scope=\"row\" class=\"footnote_plugin_index_combi pointer\"  onclick=\"footnote_moveToAnchor_104_1('footnote_plugin_tooltip_104_1_12');\"><a id=\"footnote_plugin_reference_104_1_12\" class=\"footnote_backlink\"><span class=\"footnote_index_arrow\">&#8593;<\/span>12<\/a><\/th> <td class=\"footnote_plugin_text\">Litt\u00e9ralement : calendes de mai.<\/td><\/tr>\r\n\r\n <\/tbody> <\/table> <\/div><\/div><script type=\"text\/javascript\"> function footnote_expand_reference_container_104_1() { jQuery('#footnote_references_container_104_1').show(); jQuery('#footnote_reference_container_collapse_button_104_1').text('\u2212'); } function footnote_collapse_reference_container_104_1() { jQuery('#footnote_references_container_104_1').hide(); jQuery('#footnote_reference_container_collapse_button_104_1').text('+'); } function footnote_expand_collapse_reference_container_104_1() { if (jQuery('#footnote_references_container_104_1').is(':hidden')) { footnote_expand_reference_container_104_1(); } else { footnote_collapse_reference_container_104_1(); } } function footnote_moveToReference_104_1(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container_104_1(); var l_obj_Target = jQuery('#' + p_str_TargetID); if (l_obj_Target.length) { jQuery( 'html, body' ).delay( 0 ); jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight * 0.2 }, 380); } } function 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