{"id":181,"date":"2014-09-07T17:12:32","date_gmt":"2014-09-07T17:12:32","guid":{"rendered":"https:\/\/betemps.eu\/?p=181"},"modified":"2019-07-11T22:23:35","modified_gmt":"2019-07-11T20:23:35","slug":"tourisme-et-civilisation-alpestre","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/betemps.eu\/tourisme-et-civilisation-alpestre\/","title":{"rendered":"Tourisme et civilisation alpestre"},"content":{"rendered":"

Tourisme et civilisation alpestre<\/em>, dans \u00ab Le Flambeau<\/em> \u00bb N.1, 2002.<\/p>\n

Quand on parle de Pays du Mont-Blanc, on le qualifie souvent de touristique. Ce qui est une r\u00e9duction implicite de sa vocation qui d\u00e9passe largement le seul domaine touristique. N\u00e9s et grandis dans ce contexte, nourris de ce st\u00e9r\u00e9otype, nous tendons nous-m\u00eames \u00e0 consid\u00e9rer le tourisme, ce flux migratoire saisonnier, comme quelque chose de naturel, d\u2019inscrit dans les lieux et qui a toujours exist\u00e9. Ce qui ne correspond pas du tout \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n

Certes, nous avons conscience que ce ph\u00e9nom\u00e8ne est en mouvement puisque notre exp\u00e9rience, m\u00eame si empirique, nous porte \u00e0 constater des changements et l\u2019impression g\u00e9n\u00e9rale est que ce mouvement aussi tend \u00e0 augmenter et \u00e0 se g\u00e9n\u00e9raliser.<\/p>\n

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Alexis B\u00e9temps nel 2008 – foto di Claudine Remacle.<\/p><\/div>Dans cette situation, l\u2019attitude des populations d\u2019accueil \u00e0 l\u2019\u00e9gard des touristes est nuanc\u00e9e et souvent contradictoire : elle va de l\u2019antipathie, plus ou moins manifest\u00e9e, de ceux qui consid\u00e8rent le touriste un \u00eatre \u00e9trange, un peu b\u00eate, potentiellement nuisible, qui perturbe leur routine, \u00e0 l\u2019acceptation, parfois un peu servile, de ceux qui vivent du tourisme ou qui en tirent des b\u00e9n\u00e9fices.<\/p>\n

Entre ces deux points de vue extr\u00eames, nous trouvons toute la gamme des nuances possibles. Malgr\u00e9 cela, il y a quand m\u00eame une conscience g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e que le tourisme est une ressource importante, peut-\u00eatre pas encore assez ma\u00eetris\u00e9e, avec un potentiel inexploit\u00e9, source de b\u00e9n\u00e9fices pour les populations d\u2019accueil et pour les touristes m\u00eames.<\/p>\n

Afin de mieux saisir le ph\u00e9nom\u00e8ne touristique, il est important d\u2019en faire l\u2019analyse, d\u2019en \u00e9valuer les donn\u00e9es, de se demander qui sont les touristes, ce qu’est le tourisme, ce que cherchent les touristes. Mais d\u2019autre part, nous devons essayer de comprendre aussi qui nous sommes, ce que nous voulons, nous, habitants de pays dits touristiques.<\/p>\n

Le tourisme est un ph\u00e9nom\u00e8ne relativement r\u00e9cent et ne concerne qu\u2019une partie de la population mondiale : il se g\u00e9n\u00e9ralise dans les pays \u00e9conomiquement avanc\u00e9s et demeure l\u2019apanage des \u00e9lites dans les pays moins favoris\u00e9s sous ce point de vue. Pour faire du tourisme, il faut se d\u00e9placer et les d\u00e9placements co\u00fbtent.<\/p>\n

Tout le long de son histoire, l\u2019homme s\u2019est toujours d\u00e9plac\u00e9 : l\u2019Europe a connu, dans le pass\u00e9, de grandes migrations venant surtout de l\u2019est et du nord et elle en conna\u00eet encore, de nos jours, venant du sud et de l\u2019est. Les europ\u00e9ens, \u00e0 leur tour, ont \u00e9migr\u00e9 vers l\u2019ouest, les Am\u00e9riques, aussi \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de leur continent, cherchant de nouvelles patries pour mieux r\u00e9aliser leur vie. Le commerce aussi a stimul\u00e9 les d\u00e9placements, le plus souvent saisonniers dans ce cas, comme dans le cas des nombreux conflits qui ont marqu\u00e9 notre histoire et qui ont promen\u00e9 dans l\u2019Europe et ailleurs des arm\u00e9es en mission. Les grands centres spirituels aussi, Rome, Saint-Jacques de Compostelle et tant d\u2019autres encore ont \u00e9t\u00e9 des p\u00f4les d\u2019attraction pour des foules d\u2019europ\u00e9ens. Mais tout cela n\u2019a pas grand chose \u00e0 voir avec le tourisme.<\/p>\n

Cependant, de tout temps et partout, il y a eu des esprits curieux, ouverts, entreprenants qui ont su, dans leurs voyages, regarder et voir les terres lointaines et leur population, avec un \u0153il participant et avec le go\u00fbt de la d\u00e9couverte, attitude qu\u2019on retrouve dans un certain type de touriste moderne. Je pense \u00e0 H\u00e9rodote et \u00e0 ses voyages en Orient et m\u00eame \u00e0 Ulysse et \u00e0 son tour de la M\u00e9diterran\u00e9e : punition des dieux ou retardement volontaire du retour \u00e0 la normalit\u00e9 ?<\/p>\n

La naissance du tourisme moderne est beaucoup plus tardive, En particulier, le tourisme de montagne, celui qui nous int\u00e9resse ici, a d\u00fb \u00eatre pr\u00e9c\u00e9d\u00e9 de la \u00ab d\u00e9couverte \u00bb de la montagne. Bien-s\u00fbr, cette d\u00e9couverte, comme celle de l\u2019Am\u00e9rique, ne refl\u00e8te que le point de vue de ceux qui ont \u00e9crit l\u2019histoire qui compte : les populations locales avaient d\u00e9j\u00e0 d\u00e9couvert leurs territoires respectifs depuis belle lurette ! Les Alpes occidentales, o\u00f9 le tourisme de montagne est n\u00e9, \u00e9taient bien connues depuis la plus haute antiquit\u00e9. Mais le st\u00e9r\u00e9otype dominant, souvent adopt\u00e9 en partie m\u00eame par les \u00e9crivains locaux, pr\u00e9sentait la montagne comme une barri\u00e8re, un lieu r\u00e9barbatif, sombre, froid et brumeux, plein de dangers, avalanches, \u00e9boulements et inondations, habit\u00e9 de populations primitives, rudes et parfois f\u00e9roces. Bref, un endroit qu\u2019il fallait traverser quand il n\u2019y avait pas d\u2019alternatives, sans trop s\u2019y arr\u00eater cependant.<\/p>\n

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Petit Bar de Fiery<\/p><\/div>Le regard sur la montagne de la part des montagnards \u00e9tait, \u00e9videmment, tr\u00e8s diff\u00e9rent : le milieu naturel \u00e9tait difficile, mais, petit \u00e0 petit, ils avaient appris \u00e0 le ma\u00eetriser en s\u2019adaptant et en l\u2019adaptant \u00e0 leurs exigences. Ils en tiraient les ressources n\u00e9cessaires pour vivre et avaient d\u00e9velopp\u00e9 un syst\u00e8me original et performant, fond\u00e9 sur la coop\u00e9ration et un sens aigu de la communaut\u00e9. Habitu\u00e9s \u00e0 r\u00e9soudre leurs probl\u00e8mes par leurs propres moyens, ils ont cultiv\u00e9 le go\u00fbt pour la libert\u00e9 et la d\u00e9mocratie. La confrontation avec la nature et ses forces incontr\u00f4lables faisait partie de leur quotidien et l\u2019exp\u00e9rience s\u00e9culaire des lieux leur avait appris \u00e0 se d\u00e9fendre et \u00e0 respecter des r\u00e8gles fondamentales pour leur conservation et pour celle du milieu dont ils d\u00e9pendaient.<\/p>\n

Parmi ces r\u00e8gles, il y avait celle d\u2019\u00e9viter les dangers quand ils sont connus : pour eux, la montagne s\u2019arr\u00eatait aux alpages, qu\u2019ils appelaient montagnes d\u2019ailleurs, et aux cols. Les gouffres, les glaciers, les pics abrupts ou les grands massifs ne les int\u00e9ressaient gu\u00e8re si non comme source de ce bien pr\u00e9cieux qu’\u00e9tait l\u2019eau. Les sommets et les glaciers, souvent, n\u2019avaient m\u00eame pas de nom, ou, le cas \u00e9ch\u00e9ant, un nom tr\u00e8s banal, ou bien encore le nom de l\u2019alpage ou du village le plus proche. Ils n\u2019avaient pas un go\u00fbt esth\u00e9tique particulier pour le paysage qui les entourait et ils appr\u00e9ciaient plut\u00f4t les grasses prairies que les cascades pittoresques. Ce qui ne signifie pas qu\u2019ils ne nourrissaient pas un amour profond pour le pays et son milieu naturel. Bien au contraire! Mais les populations alpines n\u2019auraient jamais pu d\u00e9couvrir la montagne : elles la connaissaient trop bien. Ainsi, d\u2019autres y penseront.<\/p>\n

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A partir de la fin du XVIIIe<\/sup> si\u00e8cle, la perception de la montagne change gr\u00e2ce surtout \u00e0 l\u2019approche nouvelle d\u2019\u00e9crivains comme Jean-Jacques Rousseau ou de naturalistes comme Horace- Benedict de Saussure, tous deux genevois, ce qui ne peut-\u00eatre pas un hasard. Mais je crois qu\u2019il faut quand m\u00eame attribuer aux Anglais le m\u00e9rite, si ainsi on peut dire, d\u2019avoir efficacement r\u00e9pandu, presque banalis\u00e9, ce nouvel int\u00e9r\u00eat pour un milieu autrefois \u00e9vit\u00e9, sous-estim\u00e9 et n\u00e9glig\u00e9. Et ce n\u2019est pas par hasard non plus que la d\u00e9couverte de la montagne revient aux Anglais : \u00e0 la fin du XVIIIe<\/sup> si\u00e8cle, l\u2019Angleterre est en plein essor \u00e9conomique avec l\u2019industrie moderne qui s\u2019affirme, avec une exp\u00e9rience coloniale solide malgr\u00e9 la perte d\u2019une bonne partie de l\u2019Am\u00e9rique du Nord, et avec une bourgeoisie dynamique et entreprenante. Le Romantisme, courant philosophique et litt\u00e9raire dont les Anglais sont parmi les chefs de file, r\u00e9pand le go\u00fbt pour l\u2019exotisme et les voyages : les pays d\u2019outre-mer, la Gr\u00e8ce et l\u2019Italie, pays riches en art et histoire, la Suisse, la plus ancienne d\u00e9mocratie moderne d\u2019Europe, sont les destinations \u00e0 la mode aupr\u00e8s de la jeunesse dor\u00e9e d\u2019Angleterre.<\/p>\n

Et c\u2019est en Suisse que les Anglais d\u00e9couvrent la montagne. Pendant tout le XIXe<\/sup> si\u00e8cle, ils seront les protagonistes de l\u2019alpinisme et du tourisme de montagne naissant. Les voyageurs anglais invent\u00e8rent une esth\u00e9tique nouvelle du paysage, inspir\u00e9e de leur conception philosophique bien distante de celle des montagnards. Ils appr\u00e9cient surtout l\u2019\u00e2pret\u00e9 de la nature, les pics rocheux, les glaciers les gouffres t\u00e9n\u00e9breux, les cascades, les vestiges d\u2019anciens ch\u00e2teaux, les villages perch\u00e9s comme des nids d\u2019aigle, etc. Les champs cultiv\u00e9s, les terrassements des coteaux, la canalisation des eaux, l\u2019architecture rurale ne retiennent presque jamais leur attention. Le regard qu\u2019ils jettent sur la population est g\u00e9n\u00e9ralement press\u00e9, rapide et superficiel. Ils cherchent le bon sauvage et voient surtout des sauvages. Et pas toujours bons. Ni particuli\u00e8rement int\u00e9ressants. Et pourtant, la moyenne d\u2019instruction de ces sauvages \u00e9tait certainement sup\u00e9rieure \u00e0 celle des populations des banlieues des villes d\u2019o\u00f9 ils arrivaient\u2026 Ainsi, des po\u00e8tes, des \u00e9crivains, des peintres, des naturalistes, des g\u00e9ologues, toute sorte d\u2019intellectuels, mais des aventuriers aussi, apprirent \u00e0 conna\u00eetre les Alpes et, surtout, ils contribu\u00e8rent par leurs \u0153uvres \u00e0 les faire conna\u00eetre \u00e0 un public plus vaste.<\/p>\n

L\u2019id\u00e9e d\u2019escalader les sommets, qui ne serait peut-\u00eatre jamais venue \u00e0 un montagnard, sinon \u00e0 quelques chasseurs ou \u00e0 quelques chercheurs de cristaux ou d\u2019herbes aromatiques et m\u00e9dicinales, suivit tout naturellement les premi\u00e8res explorations. Ce fut la naissance de l\u2019alpinisme, le d\u00e9but de la course \u00e0 qui serait arriv\u00e9 le premier et \u00e0 baptiser les pierres avec des noms exotiques, en signe d\u2019appropriation. Le montagnard laissait faire sans trop comprendre, parfois aussi s\u00e9duit par les b\u00e9n\u00e9fices qui se profilaient \u00e0 l\u2019horizon. Parce que, malgr\u00e9 tout, il fallait encore des montagnards pour accompagner, quand il ne fallait pas les tra\u00eener, ces messieurs sur les sommets. Le m\u00e9tier de guide \u00e9tait en train de na\u00eetre.<\/p>\n

Avec la r\u00e9\u00e9valuation du paysage, la principale condition pour le tourisme de montagne \u00e9tait en place. Ce n\u2019\u00e9tait plus qu\u2019une question de temps. Mais il fallait que d\u2019autres conditions soient aussi remplies.<\/p>\n

L\u2019industrialisation favorisa le d\u00e9veloppement des villes, du point de vue \u00e9conomique et d\u00e9mographique. La nouvelle organisation du travail offrit la possibilit\u00e9 de pr\u00e9voir des pauses dans l\u2019activit\u00e9 productive, les cong\u00e9s, interruptions du travail inconcevables pour un paysan, et la croissance d\u00e9mesur\u00e9e des agglom\u00e9rations urbaines engendra le besoin d\u2019\u00e9vasion, de retour aux sources, de recherche de la tranquillit\u00e9, de la red\u00e9couverte de la nature, bref, de la vill\u00e9giature.<\/p>\n

Ph\u00e9nom\u00e8ne \u00e9litaire au d\u00e9but, il se g\u00e9n\u00e9ralisa progressivement jusqu\u2019\u00e0 devenir ph\u00e9nom\u00e8ne de masse dans ce dernier demi-si\u00e8cle. D\u2019abord, c\u2019\u00e9tait la campagne, les plus raffin\u00e9s allaient aux eaux thermales, presque toujours en montagne, puis ce sera la mer et la haute montagne.<\/p>\n

L\u2019int\u00e9r\u00eat pour la montagne na\u00eet donc \u00e0 un moment crucial. Les Etats modernes, expression de la plaine, ont presque achev\u00e9 d\u2019\u00e9roder les anciennes libert\u00e9s alpines, l\u2019essor de l\u2019agriculture des grandes plaines met en crise celle de la montagne et l\u2019industrialisation naissante attire campagnards et montagnards dans les villes o\u00f9 une soci\u00e9t\u00e9 nouvelle est en train de se former. La montagne s\u2019appauvrit et se d\u00e9peuple. Les anciennes migrations temporaires tendent \u00e0 devenir d\u00e9finitives et m\u00eame les petites industries qui s\u2019installent dans quelques vall\u00e9es n\u2019arr\u00eatent pas la d\u00e9cadence. Le passage et la pr\u00e9sence d\u2019\u00e9trangers relancent le commerce dans les zones touch\u00e9es par les proto-touristes et le nouveau m\u00e9tier de guide permet \u00e0 des montagnards d\u2019int\u00e9grer leur budget. Cela est compris par les montagnards qui, tout en n\u2019abandonnant pas leurs activit\u00e9s traditionnelles, se lancent dans l\u2019avenir : ils apprennent \u00e0 lire leur paysage avec les yeux de leurs clients et \u00e0 l\u2019aimer d\u2019une mani\u00e8re plus compl\u00e8te ; en adoptent progressivement les mod\u00e8les de vie, du moins en \u00e9t\u00e9, puisqu\u2019en hiver, pendant longtemps encore, guides et h\u00f4teliers redeviennent paysans. Ils s\u2019acheminent vers une ali\u00e9nation culturelle graduelle qui, cependant, leur permettra de vivre au pays.<\/p>\n

Parti en sourdine, le mouvement touristique devient, apr\u00e8s la deuxi\u00e8me guerre mondiale un mouvement de masse. Les montagnards ne sont pas \u00e0 m\u00eame de g\u00e9rer toutes ces nouveaut\u00e9s qui souvent les d\u00e9passent. Ainsi, pour la premi\u00e8re fois dans l\u2019histoire, en nombre consistant, des hommes de la plaine s\u2019\u00e9tablissent \u00e0 la montagne : h\u00f4teliers, commer\u00e7ants, man\u0153uvres, techniciens, promoteurs, etc. Ce sont les meilleurs interpr\u00e8tes des exigences touristiques puisque, eux aussi, comme les touristes, viennent de la ville et savent ce que les citadins recherchent. Ainsi, le tourisme devient un business.<\/p>\n

Mais que recherchent exactement les touristes ? Plusieurs choses et pas toujours les m\u00eames. En g\u00e9n\u00e9ral, leurs exigences sont difficiles \u00e0 comprendre pour un montagnard puisqu\u2019elles sont tellement \u00e9loign\u00e9es des leurs. Se connaissant peu, citadin et montagnard tendent \u00e0 id\u00e9aliser la vie l’un de l\u2019autre. Ce qui fait que souvent le citadin envie le montagnard et vice-versa.<\/p>\n

La vie du citadin, qu\u2019il soit \u00e0 l\u2019usine ou au bureau, est r\u00e9gl\u00e9e par des horaires stricts, rythm\u00e9e par des \u00e9ch\u00e9ances rapproch\u00e9es, faite de moments intenses et des rel\u00e2chements qu\u2019il ne sait pas toujours bien comment remplir. Le travailleur de la ville, ins\u00e9r\u00e9 dans une hi\u00e9rarchie, accumule la tension nerveuse et essuie des humiliations fr\u00e9quentes. L\u2019insatisfaction est r\u00e9pandue, mais elle est compens\u00e9e par le salaire s\u00fbr \u00e0 la fin du mois, des services publics plus facilement accessibles, quelques luxes technologiques ou alimentaires et l\u2019espoir que les g\u00e9n\u00e9rations futures puissent se faire une place meilleure dans cette soci\u00e9t\u00e9 en \u00e9volution rapide qui semble \u00eatre celle de l\u2019avenir.<\/p>\n

La vie du montagnard ignore les stress de la ville : des rythmes s\u00e9culaires gouvernent ses activit\u00e9s au fil des saisons, il est ma\u00eetre de son temps et seul juge de sa productivit\u00e9. Mais ses revenus sont al\u00e9atoires et ses possibilit\u00e9s de d\u00e9pense limit\u00e9es. Il ne peut pas se permettre tous les biens de consommation des gens de la ville. Le citadin sent la n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019une activit\u00e9 physique en plein air, le sport, qu\u2019il ne peut pas toujours exercer en ville. Le montagnard travaille en plein air, dans les pr\u00e9s, dans les champs, dans les bois. Il comprend mal ceux qui se tapent des heures de marche \u00ab pour rien \u00bb. Il ignore les sports dont l\u2019agressivit\u00e9 est inconnue dans les jeux populaires du dimanche.<\/p>\n

Le citadin habite un milieu artificiel o\u00f9 tout a \u00e9t\u00e9 construit par l\u2019homme, o\u00f9 tout est pollu\u00e9, o\u00f9 les espaces sont limit\u00e9s et des innombrables contraintes d\u00e9terminent les d\u00e9placements. La ville offre certainement des commodit\u00e9s mais, m\u00eame si elle est riche en monuments prestigieux, elle est mal per\u00e7ue dans son ensemble. Elle ne peut \u00eatre belle que par rapport \u00e0 une autre ville\u2026<\/p>\n

Le montagnard est l\u2019homme des grands espaces, en contact permanent avec la nature, il respire l\u2019air pur, salutaire, et ses seules contraintes sont celles de la nature et du droit coutumier. Il envie les commodit\u00e9s de la ville, surtout quand la fatigue l\u2019accable, mais il sait aussi qu\u2019il pourrait difficilement s\u2019y adapter. Son \u0153il ne per\u00e7oit pas la majest\u00e9 du paysage puisque la \u00ab beaut\u00e9 \u00bb fait partie de son quotidien. \u00ab Je voudrais voir ces touristes s\u2019ils devaient passer toute l\u2019ann\u00e9e ici\u2026 \u00bb pense-t-il souvent.
\nLe citadin, continuellement confront\u00e9 aux autres, est sensible aux modes : comportementales, alimentaires, vestimentaires, culturelles sans vraiment jamais s\u2019en rendre bien compte. Il n\u2019est qu\u2019un \u00eatre parmi tant d\u2019autres. Le montagnard a une personnalit\u00e9 marqu\u00e9e, une \u00ab tradition \u00bb et il la suit, du moins en partie. Le montagnard a encore des racines, souvent s\u00e9rieusement endommag\u00e9es : ce qui manque au citadin. Mais de tout cela, le montagnard ne se rend pas vraiment compte lui non plus et s\u2019il l\u2019a ressenti c\u2019est souvent parce qu\u2019un citadin lui a ouvert les yeux.<\/p>\n

Ainsi, la montagne est devenue une attraction pour les gens de la ville. Mais elle a d\u00fb se conformer, s\u2019adoucir de quelque mani\u00e8re. L\u2019homme de la ville a perdu la capacit\u00e9 d\u2019adaptation aux incommodit\u00e9s : la montagne c\u2019est bien, mais \u00e0 quelques conditions pr\u00e8s\u2026<\/p>\n

Les commodit\u00e9s de la ville se sont install\u00e9es petit \u00e0 petit \u00e0 la montagne, ce qui est un bien, au moins pour certains services, puisque le montagnard a pu en profiter. Mais le territoire en porte les cons\u00e9quences : de grands espaces ont \u00e9t\u00e9 sacrifi\u00e9s pour accueillir les foules qui, pendant certaines p\u00e9riodes de l\u2019ann\u00e9e, transforment les villages paisibles en des villes bruyantes. Des sp\u00e9culations ont \u00e9t\u00e9 faites par des promoteurs et par des montagnards aussi. Mais \u00e7a, c\u2019est une autre histoire, riche en enseignements, qu\u2019il serait trop long de traiter ici.<\/p>\n

En ville, la conscience g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e de la perte d\u2019identit\u00e9 s\u2019impose ces derni\u00e8res ann\u00e9es. Le malaise est ancien mais le diagnostic r\u00e9cent. Et depuis que les sociologues l\u2019ont d\u00e9couvert, les malades ont augment\u00e9\u2026Cela a d\u00e9clench\u00e9 un mouvement de recherche des racines, dans certains cas, et aiguis\u00e9 une curiosit\u00e9 intellectuelle nouvelle : mieux conna\u00eetre ceux qui, dit-on, les ont conserv\u00e9es. Et d\u2019apr\u00e8s un st\u00e9r\u00e9otype bien r\u00e9pandu, les montagnards sont parmi ceux-l\u00e0.<\/p>\n

Or, en r\u00e9alit\u00e9, dans son processus d\u00e9sormais s\u00e9culaire, le montagnard aussi a profond\u00e9ment chang\u00e9. La confrontation avec l\u2019autre et une certaine propagande aussi ont m\u00fbri chez le montagnard un complexe d\u2019inf\u00e9riorit\u00e9 qui l\u2019a port\u00e9 progressivement a abandonner des traits saillants de sa culture agropastorale. Bien entendu, dans toutes les communaut\u00e9s alpines des individus \u00e0 la sensibilit\u00e9 particuli\u00e8re ont mieux r\u00e9sist\u00e9 au changement mais ils \u00e9taient consid\u00e9r\u00e9s avec beaucoup de suffisance, comme des pass\u00e9istes nostalgiques sans avenir \u00e0 qui l\u2019on donnait raison tout en prenant bien garde de les imiter. C\u2019\u00e9tait \u00e0 eux qu\u2019on adressait les ethnologues de passage.<\/p>\n

Les montagnards ont oubli\u00e9 la langue d\u2019abord. Le patois, la marque la plus \u00e9vidente de leur particularisme, instrument privil\u00e9gi\u00e9 pour la lecture du territoire, est consid\u00e9r\u00e9 trop rustique et n\u2019est plus retransmis aux nouvelles g\u00e9n\u00e9rations. Dans certains villages, il a compl\u00e8tement disparu. En plus, avec le d\u00e9clin de l\u2019agriculture, ces rituels qui marquaient les moments forts de l\u2019ann\u00e9e ou de la vie, ont \u00e9t\u00e9 presque tous abandonn\u00e9s pour leur pr\u00e9tendu archa\u00efsme qui aurait pu, aux yeux des touristes, refouler l\u2019image du montagnard dans un moyen-\u00e2ge d\u2019o\u00f9 il venait de sortir. Leur perte de fonctionnalit\u00e9, \u00e9videmment, n\u2019a pas contribu\u00e9 \u00e0 les sauvegarder. D\u00e9sormais, les habitations aussi reproduisent, surtout \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur, des mod\u00e8les citadins. Et les gadgets de la ville sont devenus communs \u00e0 la montagne aussi. Cependant, une partie du patrimoine culturel traditionnel a \u00e9t\u00e9 sauv\u00e9e, celle qui semblait int\u00e9resser davantage les touristes : chants, danses, costumes, quelques f\u00eates. Mais l\u00e0 aussi, on a adapt\u00e9 la tradition \u00e0 des mod\u00e8les diff\u00e9rents : la mani\u00e8re de chanter a chang\u00e9, l\u2019\u00e9volution naturelle des costumes s\u2019est fig\u00e9e dans le temps, les f\u00eates, manifestations internes de la communaut\u00e9 se sont ouvertes aux touristes. C\u2019est la folklorisation, la transformation des traditions en spectacle. Et non seulement : quand le r\u00e9pertoire des chants a paru trop r\u00e9duit on est all\u00e9 en chercher ailleurs, quand on avait oubli\u00e9 le costume traditionnel on l\u2019a invent\u00e9, quand une f\u00eate tombait \u00e0 une p\u00e9riode faiblement touristique on l\u2019a d\u00e9plac\u00e9e. Rien de mal, bien entendu, si le tout n\u2019\u00e9tait pas servi comme produit culturel local authentique !<\/p>\n

Depuis quelque temps, on trouve aussi un tourisme diff\u00e9rent. On demande de plus en plus de conna\u00eetre la vie intime des populations alpines : ce qui a \u00e9t\u00e9, ce qui est et ce qui a surv\u00e9cu du pass\u00e9. C\u2019est un tourisme intelligent, respectueux, ouvert, participant mais aussi exigent, qui ne se contente plus de deux danses et quatre chansons, qui est \u00e0 m\u00eame de distinguer l\u2019authentique du postiche, qui aime d\u00e9couvrir les choses sans interm\u00e9diaires douteux, m\u00eame les aspects qui, \u00e0 tort, avaient \u00e9t\u00e9 toujours \u00e9t\u00e9 cach\u00e9s parce qu\u2019on en avait honte ou qu’on jugeait insignifiants. C\u2019est l\u2019occasion, un peu inattendue pour le montagnard de se montrer tel qu\u2019il est et d\u2019\u00eatre appr\u00e9ci\u00e9. Face \u00e0 cette nouvelle demande, il faut \u00eatre \u00e0 m\u00eame de donner des r\u00e9ponses ad\u00e9quates. Et, si possible \u00e9viter les erreurs du pass\u00e9, en particulier celle d\u2019avoir eu peur de se pr\u00e9senter tel que l\u2019on \u00e9tait.<\/p>\n

Comme nous l\u2019avons dit, le montagnard \u00ab authentique \u00bb n\u2019existe plus. Il est donc inutile qu\u2019on vienne le chercher sur le terrain. Et il faut que les gens le sachent. Cela dit, nous pouvons quand m\u00eame affirmer que les montagnards n\u2019ont pas perdu toute leur authenticit\u00e9. Plusieurs traits se sont conserv\u00e9s et se sont int\u00e9gr\u00e9s dans un nouveau syst\u00e8me. Ces traits ne sont pas distribu\u00e9s d\u2019une mani\u00e8re uniforme : certaines communaut\u00e9s en ont conserv\u00e9 davantage, d\u2019autres moins. Dans cette situation, il faut d\u2019abord qu\u2019il y ait, de la part du montagnard, une r\u00e9appropriation du patrimoine ancestral dans sa globalit\u00e9, dans le sens de conna\u00eetre ce qui a \u00e9t\u00e9 et comprendre le pourquoi des changements. Il ne s\u2019agit donc pas de r\u00e9apprendre \u00e0 semer l\u2019avoine ou \u00e0 parler patois (mais pourquoi pas si on le juge opportun), mais de red\u00e9couvrir une civilisation oubli\u00e9e, ni meilleure ni pire que tant d\u2019autres mais qui a \u00e9t\u00e9 la n\u00f4tre et qui \u00e9tait fonctionnelle au milieu qui l\u2019a moul\u00e9e. Dans ce processus de r\u00e9appropriation les nombreuses \u00e9tudes d\u2019histoire locale sont pr\u00e9cieuses, tout comme l\u2019observation de communaut\u00e9s qui, pour des raisons vari\u00e9es, ont mieux conserv\u00e9 les traits du pass\u00e9.<\/p>\n

Ce n\u2019est qu\u2019apr\u00e8s ce travail de red\u00e9couverte, de r\u00e9flexion que les communaut\u00e9s pourront librement choisir leur avenir et \u00e9ventuellement r\u00e9cup\u00e9rer certaines valeurs du pass\u00e9 : pour choisir il faut d\u2019abord conna\u00eetre. Il ne s\u2019agit donc pas de r\u00e9cup\u00e9rer globalement et d\u2019une mani\u00e8re acritique le pass\u00e9 mais de saisir des opportunit\u00e9s latentes qu\u2019on n\u2019arrivait pas \u00e0 percevoir auparavant parce qu\u2019on nous les cachait ou parce qu\u2019on n\u2019avait plus les yeux pour les voir. Au-del\u00e0 de la langue et des traditions qui sont assez bien document\u00e9es par les livres, je voudrais rappeler ici des valeurs plus g\u00e9n\u00e9rales, comportementales, qui ont caract\u00e9ris\u00e9 notre civilisation alpestre et qui ont, en grande partie, disparu. Je ne voudrais pas que de cette esquisse, forc\u00e9ment st\u00e9r\u00e9otyp\u00e9e, on puisse lire la description idyllique et ethnocentriste du meilleur de ces mondes. Cela n\u2019est pas dans mes intentions. Nous devons \u00eatre conscients du fait que, m\u00eame dans notre soci\u00e9t\u00e9 agropastorale, on rencontrait la m\u00e9chancet\u00e9, la mesquinerie, la jalousie, l\u2019\u00e9go\u00efsme, la malhonn\u00eatet\u00e9, le conformisme, etc. Je ne m\u2019arr\u00eaterai pas sur ces points : pour ces aspects n\u00e9gatifs, nous n\u2019avons pas besoin de faire appel au pass\u00e9 puisque ces mod\u00e8les sont bien pr\u00e9sents dans l\u2019actualit\u00e9\u2026 Il ne faut pas non plus penser que les \u00ab vertus montagnardes \u00bb \u00e9taient la pr\u00e9rogative de notre seule civilisation. Bien au contraire, d\u2019autres civilisations les connaissent ou les ont connues. Ce qui est probablement unique c\u2019est leur ensemble, leur combinaison et la forme dans laquelle elles se sont exprim\u00e9es.<\/p>\n

Le montagnard \u00e9tait tenace et savait r\u00e9agir aux fr\u00e9quents assauts destructeurs de la nature en intervenant sans cesse et sans trop se d\u00e9courager pour r\u00e9tablir l\u2019\u00e9quilibre lui permettant de vivre dans son milieu. Il avait le go\u00fbt du travail achev\u00e9, soign\u00e9 dans les d\u00e9tails. Il \u00e9tait sobre, souvent par n\u00e9cessit\u00e9 aussi, dans son alimentation, dans ses habitudes vestimentaires, dans ses exigences de commodit\u00e9s. Il \u00e9tait m\u00e9thodique dans ses actions, peu enclin \u00e0 l\u2019improvisation et ses r\u00e9actions \u00e9taient g\u00e9n\u00e9ralement r\u00e9fl\u00e9chies, contr\u00f4l\u00e9es, inspir\u00e9es \u00e0 l\u2019exp\u00e9rience ancienne. Son sens de la responsabilit\u00e9 allait bien au-del\u00e0 du domaine priv\u00e9 parce que la vie \u00e0 la montagne ne pouvait pas \u00eatre une affaire priv\u00e9e. Il avait donc un sens de la communaut\u00e9 tr\u00e8s d\u00e9velopp\u00e9, l\u2019habitude des travaux communs et des gestions communautaires (bois, alpages, chemins, fours et moulins, \u00e9coles et laiteries sociales), le respect de la propri\u00e9t\u00e9 commune et de celle des autres, le culte pour la solidarit\u00e9 parce qu\u2019en montagne on peut toujours avoir besoin du voisin. De nos jours, la pr\u00e9sence de ces valeurs anciennes est encore pr\u00e9sente bien que toujours plus faible et, \u00e0 mon avis, une bonne action de r\u00e9cup\u00e9ration serait largement b\u00e9n\u00e9fique. Bien entendu, ce travail de r\u00e9cup\u00e9ration, ne peut \u00eatre confi\u00e9 qu\u2019aux ap\u00f4tres mais pour \u00eatre efficace il pr\u00e9suppose une volont\u00e9 politique claire et la collaboration des institutions. Ce qui n\u2019est pas \u00e9vident mais pas impossible non plus.<\/p>\n

Un montagnard conscient de son identit\u00e9 acquiert la cr\u00e9dibilit\u00e9 n\u00e9cessaire face au touriste, point de d\u00e9part essentiel pour promouvoir une bonne communication culturelle qui doit abandonner l\u2019ambigu\u00eft\u00e9 qui a souvent troubl\u00e9 le contact du touriste avec une r\u00e9alit\u00e9 locale qui l\u2019int\u00e9resse mais qu\u2019il ne conna\u00eet pas. En d\u2019autres termes, le touriste doit toujours savoir ce qui est traditionnel, ce qui est moderne, ce qui a \u00e9t\u00e9 import\u00e9, ce qui s\u2019inspire de la tradition mais qui a \u00e9t\u00e9 modifi\u00e9 ou ce qui est une pure cr\u00e9ation de la communaut\u00e9 sans r\u00e9f\u00e9rence particuli\u00e8re \u00e0 la tradition. Il faut arr\u00eater de lui passer n\u2019importe quoi sous l\u2019\u00e9tiquette de tradition.<\/p>\n

Quelles actions peuvent donc \u00eatre envisag\u00e9es ?<\/h6>\n

Je vais essayer de pr\u00e9senter ici toute une s\u00e9rie d\u2019actions possibles. Plusieurs propositions ne sont pas une nouveaut\u00e9 : elles ont d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9es, r\u00e9guli\u00e8rement ou de fa\u00e7on \u00e9pisodique quelque part autour du Mont-Blanc.<\/p>\n

1 Lecture du paysage humanis\u00e9<\/strong><\/h6>\n

Son am\u00e9nagement en vue d\u2019une exploitation agropastorale traditionnelle : les murs de soutien; les bocages ; les haies en bois ; les canaux d\u2019irrigation ; la distribution des cultures par rapport \u00e0 la nature du terrain, son exposition au soleil, la pr\u00e9sence de l\u2019eau et l\u2019altitude ; la disposition de villages, hameaux, montagnettes ou alpages tenant compte de la morphologie du terrain ; le syst\u00e8me de voirie. Pr\u00e9voir des parcours de d\u00e9couverte avec, \u00e9ventuellement, des panneaux explicatifs.<\/p>\n

2 Le village et<\/strong> l\u2019architecture rurale<\/strong><\/h6>\n

La distribution des espaces internes de la maison : l\u2019\u00e9table, la chambre focale, les chambres \u00e0 coucher, le fenil, la mansarde ; les annexes pr\u00e8s de la maison : la cave, le cellier, le poulailler, le grenier, le jardin potager, la fosse \u00e0 fumier, les toilettes ; la symbiose homme\/animaux ; l\u2019organisation familiale et la distribution des t\u00e2ches.<\/p>\n

Cela pr\u00e9suppose l\u2019am\u00e9nagement d\u2019une partie d\u2019un village, l\u2019ouverture au public de quelques maisons.<\/p>\n

3 La propri\u00e9t\u00e9 (souvent) commune<\/strong><\/h6>\n

Anciens moulins, forges, scieries hydrauliques, fours \u00e0 pain, \u00e9coles rurales, laiteries sociales, le tout am\u00e9nag\u00e9 et ins\u00e9r\u00e9 dans un parcours.<\/p>\n

4 Les savoirs techniques<\/strong><\/h6>\n

D\u00e9monstrations de vieux m\u00e9tiers : le cycle du lait, la fenaison, le battage du bl\u00e9, le travail du b\u00fbcheron, le menuisier, les scieurs de longs, le forgeron, le fabricant de sonnailles, le mar\u00e9chal-ferrant, le vannier, le vigneron, etc. Les techniques traditionnelle sont encore connues : il s\u2019agit de les r\u00e9activer.<\/p>\n

5 D\u00e9monstrations<\/strong> d\u2019anciens jeux :<\/strong><\/h6>\n

tsan, fiolet, baculot, rebatta, rouletta, cornichon, palets etc.<\/p>\n

6 Les combats de vaches \u00e0 l\u2019alpage.<\/h6>\n
7 La d\u00e9couverte d\u2019anciennes saveurs :<\/strong><\/h6>\n

la cuisine familiale traditionnelle authentique, pas endimanch\u00e9e, comme dans la plupart des restaurants.<\/strong><\/p>\n

8 Veill\u00e9es de conteurs <\/strong>qui proposeraient le r\u00e9pertoire de l\u2019imaginaire collectif local. Eventuellement, des dramatisations th\u00e9\u00e2trales.<\/strong><\/h6>\n
9 Spectacles de danses et musiques<\/strong><\/h6>\n

avec une courte pr\u00e9sentation critique des diff\u00e9rents morceaux pr\u00e9sent\u00e9s les situant dans le contexte historique et culturel. Signaler les innovations \u00e9ventuelles. Cours de chant et danses populaires ouverts aux touristes.<\/strong><\/p>\n

10 Cours de patois :<\/strong><\/h6>\n

il ne s\u2019agit pas n\u00e9cessairement de former de nouveau patoisants, mais de fournir un instrument pour faire mieux comprendre aux touristes certaines expressions linguistiques locales ou la toponymie et leur proposer une exp\u00e9rience alternative \u00e0 l\u2019homologation linguistique qui se g\u00e9n\u00e9ralise.<\/strong><\/p>\n

Ce ne sont que quelques id\u00e9es auxquelles peuvent encore en \u00eatre ajout\u00e9es beaucoup d’autres.
\nTout cela n\u2019est pas en alternative avec les produits culturels modernes, universels, qui, quand ils existent dans le village, doivent \u00eatre pr\u00e9sent\u00e9s. Il ne s\u2019agit pas seulement de conserver. L\u2019homme, qu\u2019il soit de la montagne, de la plaine ou du bord de la mer, a de tout temps cr\u00e9\u00e9 et il doit continuer \u00e0 le faire, sans limitations, sans pr\u00e9jug\u00e9s, en s\u2019inspirant du terroir ou en lib\u00e9rant son imagination, sans contraintes.<\/p>\n

La d\u00e9couverte des traditions locales est une proposition touristique qui met en valeur les montagnards et m\u00e9rite une attention particuli\u00e8re. Mais ce ne sera toujours qu\u2019une partie des vacanciers qui s\u2019int\u00e9ressera \u00e0 ce genre de choses. Il y aura toujours le touriste fatigu\u00e9 qui a besoin de tranquillit\u00e9 et \u00e9vite les contacts, celui qui cherche la ville au village, le sportif qui ne pense qu\u2019\u00e0 l\u2019effort, le gourmet qui fait le tour des restaurants \u00e0 la mode, le viveur qui ne sort que la nuit pour danser. Chacun a le droit de passer ses vacances comme il veut, d\u2019\u00eatre respect\u00e9 et d’\u00eatre, si possible, satisfait… Il n\u2019est donc pas question de refuser ce qui existe mais de se pr\u00e9parer pour pr\u00e9senter quelque chose en plus. Quelque chose qui nous est particuli\u00e8rement cher.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Tourisme et civilisation alpestre, dans \u00ab Le Flambeau \u00bb N.1, 2002. Quand on parle de Pays du Mont-Blanc, on le qualifie souvent de touristique. Ce qui est une r\u00e9duction implicite de sa vocation qui d\u00e9passe largement le seul domaine touristique. N\u00e9s et grandis dans ce contexte, nourris de ce st\u00e9r\u00e9otype, nous tendons nous-m\u00eames \u00e0 consid\u00e9rer le tourisme, […]<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_et_pb_use_builder":"","_et_pb_old_content":"","_et_gb_content_width":""},"categories":[47],"tags":[],"yoast_head":"\nTourisme et civilisation alpestre - Alexis B\u00e9temps<\/title>\n<meta name=\"description\" content=\"Nous tendons \u00e0 consid\u00e9rer le tourisme, ce flux migratoire saisonnier, comme quelque chose de naturel, d\u2019inscrit dans les lieux et qui a toujours exist\u00e9.\" \/>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/betemps.eu\/tourisme-et-civilisation-alpestre\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"it_IT\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Tourisme et civilisation alpestre - 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