{"id":457,"date":"2017-01-17T21:23:34","date_gmt":"2017-01-17T21:23:34","guid":{"rendered":"https:\/\/betemps.eu\/?p=457"},"modified":"2019-07-11T22:11:03","modified_gmt":"2019-07-11T20:11:03","slug":"phonotheque-de-lavas-1980-1990","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/betemps.eu\/phonotheque-de-lavas-1980-1990\/","title":{"rendered":"La phonoth\u00e8que de l\u2019AVAS (1980-1990)"},"content":{"rendered":"

MINIST\u00c9RE DE L’\u00c9DUCATION NATIONALE ET DE LA CULTURE COMIT\u00c9 DES TRAVAUX HISTORIQUES ET SCIENTIFIQUES
\nSection d’histoire m\u00e9di\u00e9vale et de philologie<\/p>\n

\"\"<\/a>

Alexis B\u00e9temps avec Enrica Clapasson, juin 2014<\/p><\/div>\n

Alexis B\u00e9temps, La phonoth\u00e8que de l’Association Vald\u00f4taines des Archives sonores (1980-1990), dans Bulletin de liaison des adh\u00e9rents de l’AFAS, 28-29, 1992<\/p>\n

\u00c9TUDES FRANCOPROVEN\u00c7ALES
\nACTES DU COLLOQUE<\/p>\n

r\u00e9unis dans le cadre du 116 Congr\u00e8s national des Soci\u00e9t\u00e9s savantes
\n(Chamb\u00e9ry-Annecy, 29 avril-4 mai 1991)<\/p>\n

Abr\u00e9viation utilis\u00e9es<\/p>\n

AVAS = Association vald\u00f4taine des archives sonores. RAI = Radio Televisione Italiana.
\nBREL = Bureau r\u00e9gional pour l’ethnologie et la Linguistique
\nTV = T\u00e9l\u00e9vision.<\/p>\n

Dix ans se sont \u00e9coul\u00e9s depuis que la premi\u00e8re cassette est arriv\u00e9e au petit bureau sis 8, place Chanoux, mis \u00e0 la disposition de la naissante Association vald\u00f4taine des archives sonores par le Comit\u00e9 des traditions vald\u00f4taines. Le t\u00e9moin \u00e9tait Urbain Bletton de Morgex, classe 1892 et l’intervieweur Raymond Vautherin, notre pr\u00e9sident actuel. Le th\u00e8me de l’enqu\u00eate \u00e9tait la toile et le chanvre \u00e0 Morgex. Je crains qu’il ne soit difficile de r\u00e9p\u00e9ter cette enqu\u00eate \u00e0 Morgex. Urbain Bletton est mort et il \u00e9tait probablement le dernier d\u00e9positaire de ce savoir.<\/p>\n

L’id\u00e9e d’une phonoth\u00e8que vald\u00f4taine n’a pas pouss\u00e9 comme un champi\u00adgnon \u00e0 l’ombre d’un m\u00e9l\u00e8ze. Les milieux culturels vald\u00f4tains en d\u00e9battaient depuis belle lurette. Ce n’est donc pas le cas de vouloir ici \u00e0 tout prix aller rechercher le p\u00e8re (ou la m\u00e8re) de la phonoth\u00e8que. Je dois cependant signa\u00adler le r\u00f4le d\u00e9terminant de Gaston Tuaillon, professeur de dialectologie \u00e0 l’Universit\u00e9 de Grenoble qui, lors d’une s\u00e9ance du comit\u00e9 du Centre d’\u00e9tudes francoproven\u00e7ales \u00ab Ren\u00e9 Willien \u00bb de Saint-Nicolas, souligna l’importance et l’urgence d’une telle initiative. Puis, c’est l’histoire de AVAS dont je ne vais pas parler dans cet article.<\/p>\n

Une phonoth\u00e8que ne na\u00eet pas par hasard, surtout pas quand les exemples sont rares et l’initiative appartient \u00e0 des pionniers. Ce n’est pas la mode qui l’a inspir\u00e9e mais une exigence profonde et collective. Les ann\u00e9es soixante-dix avaient \u00e9t\u00e9 marqu\u00e9es par un grand d\u00e9bat politico-culturel et le milieu intellectuel vald\u00f4tain avait d\u00e9couvert des horizons nouveaux. La notion de minorit\u00e9 ethnique a \u00e9t\u00e9 remplac\u00e9e par celle de nation sans \u00e9tat, les revendi\u00adcations linguistiques ont pris un pli plus radical et une nouvelle conscience vald\u00f4taine, parmi les jeunes surtout, s’est form\u00e9e.<\/p>\n

Mais les ann\u00e9es soixante-dix ont marqu\u00e9 aussi la prise de conscience de grands changements qui ont int\u00e9ress\u00e9 notre vall\u00e9e, surtout pendant la d\u00e9cen\u00adnie pr\u00e9c\u00e9dente et toujours en cours : d\u00e9mographie d\u00e9favorable aux autoch\u00adtones, abandon de la montagne, pouss\u00e9e du tourisme et premi\u00e8res crises de l’industrie, g\u00e9n\u00e9ralisation de l’urbanisation sauvage, atteintes au territoire, sp\u00e9culations immobili\u00e8res voil\u00e9es, g\u00e9n\u00e9ralisation d’un certain bien-\u00eatre \u00e9conomique, etc. Ces changements de base en laissaient entrevoir d’autres d\u00e9j\u00e0 annonc\u00e9s : d\u00e9clin du patois et oubli progressif de la culture locale avec ses valeurs et ses savoirs.<\/p>\n

II fallait donc intervenir rapidement pour contrer cette tendance : mettre en valeur la culture autochtone en s’occupant d’elle avant tout, en essayant de la faire conna\u00eetre au grand public, mais surtout, en poussant les d\u00e9ten\u00adteurs m\u00eames de cette culture, trop souvent m\u00e9pris\u00e9e, \u00e0 prendre conscience de sa richesse, de son originalit\u00e9 et de sa fonctionnalit\u00e9.<\/p>\n

\u00c0 c\u00f4t\u00e9 de cette motivation dont le caract\u00e8re militant est \u00e9vident, il y en avait quand m\u00eame une autre : rassembler dans de grandes archives sonores du mat\u00e9riel ethnographique exploitable \u00e0 des fins scientifiques. Ces deux objectifs ont d\u00e9termin\u00e9 l’action de l\u2019AVAS au cours de ces dix ann\u00e9es de vie et, l’on peut dire, avec un succ\u00e8s inattendu. Affirmer que les objectifs ont \u00e9t\u00e9 rejoints serait excessif, mais l’\u00e9nergie d\u00e9ploy\u00e9e par notre association qui, d’ailleurs n’\u00e9tait pas la seule \u00e0 poursuivre ces objectifs, a certainement contribu\u00e9 \u00e0 mettre en valeur notre civilisation. Dans quelle mesure exacte\u00adment, c’est peut-\u00eatre trop t\u00f4t pour l’\u00e9valuer. D’ailleurs, le travail continue.
\nDix ans apr\u00e8s, la phonoth\u00e8que de l\u2019AVAS compte environ trois mille cinq cents cassettes, dont deux milles catalogu\u00e9es, et une quarantaine de vid\u00e9os. C’est un monument imposant et inqui\u00e9tant \u00e0 la fois. L\u00e0, contre une paroi anonyme d’un bureau, \u00e0’ Tsambarlet, rang\u00e9es dans un bel ordre et soigneuse\u00adment \u00e9tiquet\u00e9es, il y a les cassettes contenant les voix d’un millier de Vald\u00f4tains, et avec leurs voix, leurs savoirs, leurs souvenirs, leurs petites manies, leurs faiblesses, leurs \u00e9lans, leurs regrets, leurs sentiments. d\u00e9rob\u00e9s, parfois \u00e9tal\u00e9s, selon leur naturel et leur r\u00e9action face au micro. Plusieurs voix ont cess\u00e9 de r\u00e9sonner : nous l’apprenons des n\u00e9crologies sur les murs des maisons ou dans les journaux locaux, nous l’apprenons parfois des parents m\u00eames qui viennent nous voir pour nous demander une copie de l’interview…<\/p>\n

Mais qu’est-ce qui donne le droit \u00e0 une cassette d’\u00eatre rang\u00e9e dans un bel ordre \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de tant d’autres et d’\u00eatre conserv\u00e9e ? D\u00e8s le d\u00e9but nous avons d\u00fb nous donner des crit\u00e8res pour que la phonoth\u00e8que ne devienne pas un d\u00e9p\u00f4t chaotique de cassettes enregistr\u00e9es. Nous avons, avant tout, privil\u00e9gi\u00e9 les ethnotextes, \u00e0 savoir, des textes oraux qui traitent d’exp\u00e9riences qui d\u00e9passent l’individuel, qui pr\u00e9sentent des savoirs collectifs, qui relatent des usages communautaires. Les ethnotextes reproduisent la vision que les membres d’une communaut\u00e9 ont d’elle ; ils repr\u00e9sentent le point de vue interne, partiel et fragmentaire d’individus, mais aussi le point de vue de ceux qui participent directement d’une culture, qui en subissent les condi\u00adtionnements et en suivent la logique, qui en sont impliqu\u00e9s \u00e9motionnelle\u00adment et qui jugent selon des syst\u00e8mes de valeurs qui sont la cl\u00e9 m\u00eame pour comprendre leur culture. Les ethnotextes sont donc beaucoup plus que la m\u00e9moire d’un peuple : ce n’est pas seulement leur contenu, les souvenirs enregistr\u00e9s, qui int\u00e9resse mais aussi la fa\u00e7on de les pr\u00e9senter. Ce n’est que quand on a bien compris ces m\u00e9canismes psychologiques qu’on peut correc\u00adtement \u00e9valuer les contenus d’un ethnotexte, les dits et les non dits, les allu\u00adsions et les insistances, la froideur et l’\u00e9motion.<\/p>\n

L’ethnotexte est le document que l\u2019AVAS a privil\u00e9gi\u00e9 d\u00e8s le d\u00e9but et qui caract\u00e9rise actuellement la phonoth\u00e8que. Mais il n’est pas le seul document admis. La phonoth\u00e8que AVAS accueille aussi des documents authentiques : des conversations de veill\u00e9es, des chants communautaires jaillis spontan\u00e9\u00adment et surpris par le micro, des discussions chaotiques et passionn\u00e9es lors des meetings politiques villageois, des cris de commissaires-priseurs impro\u00advis\u00e9s le jour de la f\u00eate patronale, etc.<\/p>\n

Nous avons entrepris, en outre, un travail de r\u00e9cup\u00e9ration aupr\u00e8s de cher\u00adcheurs et de simples amateurs, pour obtenir d’anciens enregistrements effec\u00adtu\u00e9s \u00e0 l’occasion d’enqu\u00eates ou de pr\u00e9paration de m\u00e9moires universitaires, ce qui nous a permis de constituer des \u00ab fonds historiques \u00bb importants : l’enqu\u00eate Jean-Pierre Martin (1969\/72) sur le fran\u00e7ais parl\u00e9 en Vall\u00e9e d’Aoste, l’enqu\u00eate Keller sur les patois vald\u00f4tains, et d’autres enregistrements \u00e9pars, fruit de l’intuition de pionniers qui ont eu la sensibilit\u00e9 de fixer sur bande des t\u00e9moignages particuli\u00e8rement int\u00e9ressants \u00e0 l\u2019\u00e9poque o\u00f9 l’id\u00e9e d’une phonoth\u00e8que n’avait pas encore perc\u00e9.<\/p>\n

La phonoth\u00e8que AVAS accueille aussi des enregistrements d’\u00e9missions radio ax\u00e9es sur la culture locale, en particulier d’\u00e9missions produites en collaboration avec l’Association. Elle n’a pas une politique syst\u00e9matique \u00e0 l’\u00e9gard de la collecte de ce type d’enregistrement. Les radios, la RAI en premier lieu, ont leurs archives et le mat\u00e9riel est donc d\u00e9j\u00e0 conserv\u00e9 ; l’asso\u00adciation consid\u00e8re prioritaire l’effort d’enrichir ses archives par la recherche de mat\u00e9riel nouveau. \u00c0 chaque jour qui passe, quelque chose se perd : il faut d’abord intervenir o\u00f9 l’urgence s’impose.<\/p>\n

Mais comment ces trois mille cassettes ont-elles \u00e9t\u00e9 rassembl\u00e9es? Au d\u00e9but, les principaux enqu\u00eateurs \u00e9taient nos adh\u00e9rents. Les t\u00e9moins \u00e9taient choisis parmi les parents, les amis, les voisins. Les sujets enqu\u00eat\u00e9s \u00e9taient libres : la connaissance directe du t\u00e9moin sugg\u00e9rait les th\u00e8mes \u00e0 l’enqu\u00eateur. \u00c0 travers le bulletin de l\u2019AVAS, feuille de liaison polycopi\u00e9e, on encourageait les lecteurs \u00e0 se transformer en intervieweurs, \u00e0 nous signaler les t\u00e9moins, \u00e0 nous faire parvenir des cassettes ou de vieilles bandes enregistr\u00e9es dans n’importe quelle occasion. C’\u00e9tait l’enthousiasme, le militantisme, qui guidait l’action. Puis on s’est rendu compte qu’il aurait fallu approfondir certains sujets, creuser davantage les th\u00e8mes. Voil\u00e0 alors les enqu\u00eates syst\u00e9matiques : les ramoneurs, l’\u00e9cole d’autrefois, le carnaval, l’\u00e9migration, le th\u00e9\u00e2tre populaire, la badoche, du bl\u00e9 au pain, la laine, etc.<\/p>\n

Ces initiatives nous ont permis de rassembler des fonds importants sur le m\u00eame sujet et de promouvoir des actions de restitution : des expositions th\u00e9matiques, des publications, des \u00e9missions \u00e0 la radio ou \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision, des montages audio-visuels. Ainsi, l’association se faisait conna\u00eetre et appr\u00e9cier et le r\u00e9seau de collaborateurs s’\u00e9largissait.<\/p>\n

Nous avons lanc\u00e9 un concours ouvert \u00e0 tout le monde : il fallait nous envoyer des cassettes, la meilleure aurait \u00e9t\u00e9 choisie, et opportun\u00e9ment comment\u00e9e, elle serait pass\u00e9e \u00e0 l’antenne lors d’une \u00e9mission mensuelle que la RAI nous avait confi\u00e9e : \u00ab Eun cou eun tchi no – le microphone dans le pass\u00e9 \u00bb. Puis en 1983, l’administration r\u00e9gionale, a mis des bourses d’\u00e9tudes \u00e0 la disposition de dix enqu\u00eateurs : ainsi, la phonoth\u00e8que s’est-elle rapide\u00adment enrichie. Bien qu’elle se soit r\u00e9v\u00e9l\u00e9e positive, cette deuxi\u00e8me exp\u00e9rience, n’a pas \u00e9t\u00e9 renouvel\u00e9e : le mat\u00e9riel acquis \u00e9tait de valeur in\u00e9gale, les enqu\u00eateurs devaient \u00eatre suivis de pr\u00e8s, les cassettes devaient \u00eatre trait\u00e9es et le personnel affect\u00e9 \u00e0 ces t\u00e2ches \u00e9tait largement insuffisant, d’autant plus que d’autres perspectives \u00e9taient en train de s’ouvrir.<\/p>\n

L’\u00e9quipe de l\u2019AVAS qui travaillait \u00e0 plein temps \u00e9tait r\u00e9duite, le travail de restitution toujours plus engageant et des objectifs nouveaux \u00e9taient en train de se d\u00e9gager : la phototh\u00e8que et les \u00e9comus\u00e9es. La phonoth\u00e8que devint une partie d’une activit\u00e9 plus complexe et la collecte des t\u00e9moignages oraux subit des transformations.<\/p>\n

La cr\u00e9ation des bourses d’\u00e9tudes, l’augmentation graduelle du personnel affect\u00e9 \u00e0 l\u2019AVAS, puis la cr\u00e9ation du Bureau r\u00e9gional pour l’ethnologie et la linguistique (BREL), institution r\u00e9gionale qui g\u00e8re actuellement les fonds de l\u2019AVAS et leur assure le traitement, la conservation et la diffusion, ont progressivement frein\u00e9 le b\u00e9n\u00e9volat qui avait fleuri, au d\u00e9but, autour de l’association. Il est difficile de demander \u00e0 des b\u00e9n\u00e9voles de faire un travail que d’autres assurent avec un soutien \u00e9conomique. Le b\u00e9n\u00e9volat existe encore, mais il est devenu une source secondaire de la phonoth\u00e8que.<\/p>\n

Cela ne signifie pas que des contributions importantes ne viennent pas de b\u00e9n\u00e9voles, mais cela se passe sous des formes diff\u00e9rentes : nous avons des \u00e9tudiants universitaires ou des chercheurs qui viennent nous demander conseil pour leur m\u00e9moire ou leur recherche et qu’on encourage \u00e0 entre\u00adprendre des enqu\u00eates orales ; nous avons des biblioth\u00e8ques ou des centres culturels communaux qui nous demandent d’\u00eatre suivis dans des enqu\u00eates orales qu’ils m\u00e8nent sur le territoire de leur commune. Leur enqu\u00eate ache\u00adv\u00e9e, le mat\u00e9riel rentre dans nos archives sans que l’engagement de notre part ait \u00e9t\u00e9 excessif. La plupart de nos enqu\u00eates syst\u00e9matiques sont actuellement men\u00e9es directement par le personnel du BREL, qui, cependant, s’appuie, pour les contacts surtout, sur des collaborateurs b\u00e9n\u00e9voles faisant partie d’un r\u00e9seau qui couvre la vall\u00e9e et qui s’est form\u00e9 naturellement au cours de ces ann\u00e9es. Le personnel du BREL assure aussi les \u00ab interventions d’urgence \u00bb quand on nous signale des t\u00e9moins, probablement les derniers d\u00e9positaires de savoirs particuliers : quelqu’un se rend chez le t\u00e9moin et enregistre les informations pr\u00e9cieuses.<\/p>\n

Comme l’on a pu comprendre, il est impossible de constituer une phono\u00adth\u00e8que comme la n\u00f4tre sans s’occuper d’autres choses aussi. L’histoire de l\u2019AVAS en est un exemple \u00e9vident. Avant tout il faut penser \u00e0 la restitution : les t\u00e9moins se sentent concern\u00e9s par l’enqu\u00eate, veulent savoir ce qu’on fait de leur t\u00e9moignage et souhaitent le voir \u00ab restitu\u00e9 \u00bb de quelque fa\u00e7on. Savoir que leur t\u00e9moignage en rejoindra des milliers d’autres sur une \u00e9tag\u00e8re ne les satisfait pas. Voil\u00e0 donc que l’AVAS, d\u00e8s le d\u00e9part, a consacr\u00e9 une partie importante de son activit\u00e9 \u00e0 la restitution, \u00e0 l’hommage au t\u00e9moin, d\u00fb et largement m\u00e9rit\u00e9. Nos formes de restitution, comme je l’ai d\u00e9j\u00e0 dit, sont nombreuses : l’exposition (photos, objets, documents) comment\u00e9e par les t\u00e9moignages oraux, l’\u00e9mission, radio ou TV, la publication de textes et de montage audio-visuel. Cependant, ce n’est m\u00eame pas la dixi\u00e8me partie de notre mat\u00e9riel qui est ainsi, bien que partiellement, exploit\u00e9e. Mais le fait m\u00eame de savoir que nous utilisons le mat\u00e9riel rassembl\u00e9, rassure le t\u00e9moin, m\u00eame si nous lui disons que l’utilisation de sa contribution n’est pas dans nos projets imm\u00e9diats : le t\u00e9moin sait que son r\u00e9cit pourra \u00eatre un jour repro\u00adpos\u00e9 et que sa contribution n’enrichira pas simplement un cimeti\u00e8re de cassettes. La restitution, son r\u00f4le et son organisation, m\u00e9ritent un article \u00e0 part : je ne vais donc pas approfondir ici ce sujet, mais je tiens quand m\u00eame \u00e0 en rappeler l’importance.<\/p>\n

Constituer une phonoth\u00e8que signifie aussi entrer en contact avec des documents autres que le t\u00e9moignage oral : photos, lettres, cahiers de comptes, objets divers, etc. ; ce sont des documents qui souvent accompa\u00adgnent le t\u00e9moignage oral, l’int\u00e8grent ou le compl\u00e8tent.<\/p>\n

L’AVAS a connu cette exp\u00e9rience et a d\u00e9cid\u00e9 de rassembler, dans la mesure du possible, tout ce mat\u00e9riel aussi. Notre phototh\u00e8que compte d\u00e9sor\u00admais plus de cent mille images et les documents divers, original ou copie, occupent des espaces importants dans nos armoires.<\/p>\n

Mais comme je l’ai d\u00e9j\u00e0 dit pour la restitution, ce n’est pas dans cet expos\u00e9 que je vais m’occuper de ces expansions de la phonoth\u00e8que.
\nLa phonoth\u00e8que de l\u2019AVAS est donc une structure composite. Elle accueille des documents qui r\u00e9pondent, bien s\u00fbr, \u00e0 des caract\u00e9ristiques \u00e9tablies, mais elle ne peut pas se d\u00e9velopper selon des \u00e9tapes pr\u00e9\u00e9tablies. Son enrichissement est li\u00e9 \u00e0 la fois aux contributions impromptues et aux programm\u00e9es. La cassette d’un associ\u00e9 qui a interview\u00e9 son p\u00e8re trouve sa place au m\u00eame titre que le recueil d’une \u00e9quipe de chercheurs sur la religio\u00adsit\u00e9 populaire. La phonoth\u00e8que est une grande mosa\u00efque qui se remplit de tesselles progressivement. Plus les tesselles augmentent, plus le dessin de la mosa\u00efque devient \u00e9vident. Les responsables de la phonoth\u00e8que peuvent ajouter des tesselles pour mieux unir les unes aux autres, mais ce sont d’autres mains \u00e0 l’action impr\u00e9visible qui placent le plus de tesselles. Quand nous nous sommes aper\u00e7us que nous avions des \u00e9chantillons de tous les patois vald\u00f4tains exception faite pour celui de Chamois, nous y avons men\u00e9 une enqu\u00eate ; quand, apr\u00e8s avoir achev\u00e9 la recherche sur les ramoneurs nous avons connu, deux ans apr\u00e8s, un autre t\u00e9moin \u00e0 m\u00eame d’enrichir nos connaissances sur le sujet nous l’avons interview\u00e9, mais entre-temps, d’autres fonds se sont ajout\u00e9s \u00e0 la collecte, d’autres sujets ont \u00e9t\u00e9 documen\u00adt\u00e9s et la mosa\u00efque avait de nouveau chang\u00e9 de forme et augment\u00e9 ses trous.<\/p>\n

La phonoth\u00e8que est composite aussi, du point de vue des contenus, de la richesse des messages sonores des cassettes. Selon le t\u00e9moin, selon l’inter\u00adviewer, selon le sujet abord\u00e9 le t\u00e9moignage peut \u00eatre exhaustif, coh\u00e9rent, fiable ou bien fragmentaire, incoh\u00e9rent, douteux. Et entre ces extr\u00eames il y a’ des t\u00e9moignages de qualit\u00e9 moyenne.<\/p>\n

Mais peut-on vraiment parler de qualit\u00e9 des t\u00e9moignages ? Qui peut les juger ? Quels sont-ils les bar\u00e8mes pour juger un bon t\u00e9moignage ? Nous utilisons nous-m\u00eames, entre nous, des expressions telles que \u00ab la cassette est bonne \u00bb, \u00ab ce t\u00e9moignage est complet \u00bb, mais nous avons conscience que notre jugement est port\u00e9 en fonction de ce que nous-m\u00eames nous attendons de la cassette et que, peut-\u00eatre, un jour, un t\u00e9moignage que nous avons d\u00e9fini m\u00e9diocre retiendra l’attention de quelqu’un, qui saura l’\u00e9couter d’une mani\u00e8re diff\u00e9rente et y chercher autre chose.<\/p>\n

Pour ce qui est de la qualit\u00e9 technique des enregistrements, par contre, notre jugement est s\u00fbr. \u00c0 c\u00f4t\u00e9 de bons enregistrements faits avec un magn\u00e9\u00adtophone de qualit\u00e9 par un interviewer exp\u00e9riment\u00e9 et dans des conditions id\u00e9ales, nous avons des produits d’amateur qui ont utilis\u00e9 des magn\u00e9to\u00adphones techniquement primitifs. Le crit\u00e8re d’acc\u00e8s \u00e0 la phonoth\u00e8que pour un enregistrement est la compr\u00e9hensibilit\u00e9. Nous ne travaillons pas pour la radio, mais pour l’oreille du chercheur ou, simplement, du curieux, qui vien\u00adnent consulter nos fonds.<\/p>\n

Ce qui ne signifie pas que nous n’encourageons pas nos collaborateurs \u00e0 soigner la qualit\u00e9 technique de leur produit : nous sommes toujours dispos\u00e9s \u00e0 leur expliquer l’utilisation correcte du magn\u00e9tophone et, le cas \u00e9ch\u00e9ant, \u00e0 leur pr\u00eater l’un des n\u00f4tres. Mais ce n’est pas la pendule qui sonne les heures au beau milieu de l’entretien ou le mugissement d’une vache qui s’entrem\u00eale \u00e0 la voix des hommes qui nous font rejeter une cassette ! Il est entendu que quand nous pr\u00e9sentons des t\u00e9moignages \u00e0 la radio nous veillons \u00e0 ce qu’ils soient de bonne qualit\u00e9, mais quand un t\u00e9moignage a \u00e9t\u00e9 jug\u00e9 int\u00e9ressant et irrempla\u00e7able nous l’avons pass\u00e9 quand m\u00eame, malgr\u00e9 la qualit\u00e9 m\u00e9diocre.<\/p>\n

Mais une phonoth\u00e8que n’est pas un d\u00e9p\u00f4t inerte. Les informations qu’elle contient doivent \u00eatre accessibles. Elle doit donc \u00eatre organis\u00e9e.<\/p>\n

La cassette enregistr\u00e9e passe d’abord \u00e0 un technicien qui la reproduit en trois copies : deux sur cassette et une sur bande. Celle qui est sur bande est pour la conservation, les deux autres pour la consultation et le pr\u00eat. Les trois enregistrements sont conserv\u00e9s en trois endroits diff\u00e9rents : ainsi, en cas d’accident, une copie au moins devrait \u00eatre sauvegard\u00e9e. Le technicien, tout en repiquant la cassette remplit un brouillon de fiche descriptive : la fiche de la cassette (voir en annexe).<\/p>\n

Il se sert, quand elles existent, des notes de l’enqu\u00eateur. Apr\u00e8s avoir re\u00e7u une cote, cassette et brouillon passent aux catalogueurs qui r\u00e9\u00e9coutent la cassette, contr\u00f4lent le brouillon, attribuent les diff\u00e9rents mots mati\u00e8re, signa\u00adlent, se basant sur le compte-tours, la position de l’\u00e9chantillon \u00e0 l’int\u00e9rieur de la cassette, choisissent les codes pour l’informatisation d’apr\u00e8s un th\u00e9sau\u00adrus et remplissent la fiche du t\u00e9moin (voir en annexe). Toutes les donn\u00e9es sont ensuite informatis\u00e9es.<\/p>\n

Ainsi, la recherche peut se faire par mot mati\u00e8re, par t\u00e9moin, par lieu (les fiches des cassettes sont class\u00e9es par communes) et par date. En quelques minutes le chercheur peut acc\u00e9der au t\u00e9moignage voulu, l’\u00e9couter sur place ou l’emprunter. La pr\u00e9paration d’une cassette, du repi\u00adquage \u00e0 la saisie des donn\u00e9es, requiert une heure et demie de temps, en moyenne.
\nLa consultation des t\u00e9moignages se fait toujours sous contr\u00f4le et ce sont, en g\u00e9n\u00e9ral, les catalogueurs m\u00eames qui s’en occupent. Le chercheur doit pr\u00e9ciser l’emploi qu’il compte faire du t\u00e9moignage et le personnel affect\u00e9 au pr\u00eat, apr\u00e8s s’\u00eatre assur\u00e9 que la cassette choisie ne contient pas des affirma\u00adtions qui pourraient nuire au t\u00e9moin et, quand le permis d’utilisation n’a pas \u00e9t\u00e9 accord\u00e9 au pr\u00e9alable, apr\u00e8s s’\u00eatre assur\u00e9 aupr\u00e8s du t\u00e9moin qu’il n’y a pas d’opposition \u00e0 l’utilisation, signale sur la fiche de la cassette le pr\u00eat et ses motivations \u00e9ventuelles.<\/p>\n

La prudence est toujours de rigueur : certains t\u00e9moignages relatent des faits divers, des crimes parfois, et la version donn\u00e9e par le t\u00e9moin peut \u00eatre diffamatoire \u00e0 l’\u00e9gard de vivants. Rendre public certains faits, m\u00eame avec l’accord du t\u00e9moin, peut engendrer des perturbations \u00e0 l’int\u00e9rieur de la communaut\u00e9 qui compromettent le rapport de confiance entre l’association et la population, limitant ainsi nos possibilit\u00e9s de p\u00e9n\u00e9tration sur le terri\u00adtoire.
\nLes usagers de la phonoth\u00e8que ne sont pas nombreux : quinze \u00e0 vingt par an au maximum. Il s’agit de chercheurs, des universitaires le plus souvent, d’\u00e9tudiants pr\u00e9parant leur m\u00e9moire et de journalistes.<\/p>\n

Les chercheurs et les \u00e9tudiants en g\u00e9n\u00e9ral viennent, \u00e9coutent, prennent des notes ou demandent une copie de l’enregistrement et parach\u00e8vent leur enqu\u00eate sur le terrain. Souvent, ils se rendent chez nos t\u00e9moins pour un approfondissement de l’enqu\u00eate, puis ils en contactent d’autres en fonction de leurs exigences. Parfois, il ne leur est plus possible de reparcourir notre chemin : le t\u00e9moin est d\u00e9c\u00e9d\u00e9 et son t\u00e9moignage reste le seul sur un sujet donn\u00e9, sans possibilit\u00e9 de v\u00e9rification. Ces usagers, leur travail achev\u00e9, d\u00e9posent leurs cassettes dans nos archives.<\/p>\n

Les journalistes appartiennent \u00e0 une autre cat\u00e9gorie d’usagers : souvent press\u00e9s, ils viennent pour chercher de la documentation pour l’antenne : la voix de personnalit\u00e9s d\u00e9c\u00e9d\u00e9es pour c\u00e9l\u00e9brer un anniversaire, un chant de No\u00ebl ou un t\u00e9moignage sur des us particuliers de notre communaut\u00e9. La qualit\u00e9 de l’enregistrement ne les satisfait pas toujours, mais, en g\u00e9n\u00e9ral, ils s’en contentent puisque nous repr\u00e9sentons la seule source possible. Le nombre des usagers augmente, bien que lentement : nos archives, commen\u00adcent \u00e0 \u00eatre connues, surtout dans les pays francophones.<\/p>\n

Le fait que 90 % des t\u00e9moignages sont en francoproven\u00e7al est certaine\u00adment une limitation pour l’acc\u00e8s, mais c’est aussi une garantie d’authenti\u00adcit\u00e9.<\/p>\n

Les principaux usagers de la phonoth\u00e8que demeurent les employ\u00e9s du BREL lors de leur activit\u00e9 de restitution, \u00e9troitement li\u00e9e \u00e0 l’enqu\u00eate. C’est notre phonoth\u00e8que qui repr\u00e9sente le point de d\u00e9part pour les publications, les expositions ou les \u00e9missions radio. Le th\u00e8me choisi, on proc\u00e8de au triage du mat\u00e9riel et souvent on met sur pied des enqu\u00eates suppl\u00e9mentaires.<\/p>\n

L’utilisation de la phonoth\u00e8que est donc principalement \u00ab interne \u00bb. Ce qui est, sous un certains point de vue, une limitation. L’utilisation d’un document oral, surtout quand il n’a pas \u00e9t\u00e9 collect\u00e9 par le chercheur m\u00eame, pose toujours des probl\u00e8mes : des probl\u00e8mes de compr\u00e9hension d’abord, li\u00e9s en partie \u00e0 la gamme des patois mais aussi au fait que la cassette fait abstraction du contexte gestuel et que l’intervieweur m\u00e8ne son enqu\u00eate selon sa logique et ses objectifs ; des probl\u00e8mes d’inter\u00adpr\u00e9tation, puisque la pens\u00e9e du t\u00e9moin est souvent exprim\u00e9e d’une fa\u00e7on ambigu\u00eb et des suppl\u00e9ments d’enqu\u00eates s’av\u00e8rent, la plupart du temps n\u00e9ces\u00adsaires ; des probl\u00e8mes de fiabilit\u00e9, car faut-il croire au t\u00e9moin ? ou pour reprendre le titre d’un colloque organis\u00e9 par l\u2019AVAS, faut-il croire \u00e0 la m\u00e9moire ?<\/p>\n

Nous avons organis\u00e9 un colloque sur ce th\u00e8me et on pourrait \u00e9crire encore des milliers de pages \u00e0 ce propos. Ce qui est essentiel, \u00e0 mon avis, c’est qu’on prenne le t\u00e9moignage oral pour ce qu’il est et qu’on soit conscient que par sa nature, il ne constitue pas \u00e0 lui tout seul, un document complet puisqu’il est le produit de la m\u00e9moire de l’homme, d\u00e9faillante et subjective. II doit \u00eatre manipul\u00e9 avec doigt\u00e9 et prudence, soumis aux v\u00e9rifications possibles, compar\u00e9 avec d’autres documents. Mais il arrive parfois qu’il est le seul document existant : une chanson, un r\u00e9cit l\u00e9gendaire, une technique, des souvenirs de guerre. Dans ce cas il a la valeur de tous les documents uniques, d’un papyrus \u00e9gyptien ou d’une tablette m\u00e9sopotamienne, toute proportion gard\u00e9e, puisque c’est notre seule source.<\/p>\n

Pour n’importe quelle exploitation du t\u00e9moignage oral il faut passer \u00e0 travers la transcription de la cassette. Que ce soit une \u00e9mission radio, un livre ou une exposition, le passage \u00e0 l’\u00e9crit est \u00e0 mon avis indispensable. C’est l’oral fig\u00e9 par l’\u00e9criture qui nous permet une utilisation, discutable peut-\u00eatre, mais \u00e0 mon avis, pertinente. Sauf des cas bien particuliers , (chan\u00adsons, un r\u00e9cit l\u00e9gendaire parfois) le texte oral ne peut jamais \u00eatre utilis\u00e9 int\u00e9\u00adgralement, et ce n’est qu’\u00e0 sa lecture que le chercheur peut d\u00e9cider ses interventions pour la pr\u00e9paration du texte finalis\u00e9e \u00e0 un objectif. La trans\u00adcription d’une cassette, ou d’une de ses parties, est un travail long et d\u00e9licat. Les difficult\u00e9s rencontr\u00e9es par le transcripteur, qui, le plus souvent, est en m\u00eame temps le chercheur, sont d’ordre diff\u00e9rent. La connaissance passive ou non, du francoproven\u00e7al est indispensable, bien que la comp\u00e9tence linguistique, m\u00eame si elle est excellente, ne permet pas toujours de saisir enti\u00e8rement le message.<\/p>\n

Tous les jours, dans notre travail, nous rencontrons des mots nouveaux ou des tournures inconnues : c’est la vari\u00e9t\u00e9 infinie de nos patois, richesse incomparable que nous essayons de sauvegarder. Quand le contexte n’est pas suffisamment clarificateur, nous faisons appel \u00e0 des locuteurs du m\u00eame village que le t\u00e9moin qui, en g\u00e9n\u00e9ral, r\u00e9solvent nos probl\u00e8mes de compr\u00e9\u00adhension.<\/p>\n

La compr\u00e9hension assur\u00e9e, il faut passer \u00e0 la transcription.
\nLe m\u00eame texte peut \u00eatre transcrit de mani\u00e8re diff\u00e9rente en fonction des objectifs que le chercheur se pose. Au BREL, nous avons utilis\u00e9 des tech\u00adniques de transcription diff\u00e9rentes selon le type d’utilisation envisag\u00e9e. Le code graphique aussi peut changer : pour une transcription finalis\u00e9e \u00e0 une recherche linguistique, l’atlas des patois vald\u00f4tains par exemple, nous utili\u00adsons un alphabet phon\u00e9tique.<\/p>\n

Ce code nous permet de reproduire les moindres nuances des parlers, mais il n’est accessible qu’aux sp\u00e9cialistes. Pour les transcriptions o\u00f9 l’aspect phon\u00e9tique n’est pas pertinent, nous utilisons la graphie pr\u00f4n\u00e9e par le Centre d’\u00e9tudes francoproven\u00e7ales \u00ab Ren\u00e9 Willien \u00bb de Saint-Nicolas. Les normes propos\u00e9es par le Centre pr\u00e9conisent un syst\u00e8me de symboles, ceux de l’alphabet latin, avec l’ensemble des signes diacritiques, qui devraient permettre de reproduire les sons des diff\u00e9rents patois. L’applica\u00adtion du code pose des probl\u00e8mes pour la richesse de sons phonologiquement pertinents de chaque vari\u00e9t\u00e9 dialectale, et pour toute une s\u00e9rie de ph\u00e9no\u00adm\u00e8nes phon\u00e9tiques, se r\u00e9f\u00e9rant surtout \u00e0 la jonction des mots, qui donnent au mot m\u00eame une instabilit\u00e9 formelle inconnue \u00e0 la plupart des langues n\u00e9olatines.<\/p>\n

Mais la difficult\u00e9 la plus grande est celle de l’identification de certaines voyelles que chaque transcripteur, en fonction du crible phonologique qui lui vient de la pratique de son patois, identifie d’une fa\u00e7on diff\u00e9rente : les confusions les plus fr\u00e9quentes sont entre : o\/ou, \u00e9\/i et u\/i. Dans ces cas, c’est le transcripteur qui tranche apr\u00e8s avoir soumis le probl\u00e8me \u00e0 un locuteur de la vari\u00e9t\u00e9 de patois en question.<\/p>\n

Au cours de ces ann\u00e9es nous avons eu l’occasion de faire de nombreuses exp\u00e9riences de transcriptions. D’abord, des transcriptions pour des \u00e9tudes linguistiques, en particulier pour l’Atlas linguistique vald\u00f4tain. Il s’agit de transcriptions d’un questionnaire soumis \u00e0 des t\u00e9moins de communes diff\u00e9\u00adrentes. Les transcriptions, en alphabet phon\u00e9tique, sont limit\u00e9es aux mots et ou tournures qu’on pr\u00e9voit d’utiliser pour la cartographie.<\/p>\n

Les digressions du t\u00e9moin, pr\u00e9cieuses pour une recherche ethnogra\u00adphique, ne sont pas, en ligne de principe, transcrites ; l’exploitation se limite donc \u00e0 une partie de l’enregistrement. Le transcripteur doit d\u00e9ployer tous les soins n\u00e9cessaires pour reproduire fid\u00e8lement les nuances de la prononciation et, bien entendu, ma\u00eetriser \u00e0 la perfection le code graphique particulier.<\/p>\n

Pour ce qui est de la recherche linguistique, nous avons voulu aussi, \u00e0 titre exp\u00e9rimental, reproduire des \u00e9chantillons de langage parl\u00e9 en essayant de respecter les accidents de langage : pauses, r\u00e9p\u00e9titions, anacoluthes, mots inachev\u00e9s, etc. Pour ce type de travail nous avons utilis\u00e9 les crit\u00e8res d’\u00e9criture propos\u00e9s par le Centre. Ces deux types d’exercice, r\u00e9pondant \u00e0 des finalit\u00e9s particuli\u00e8res, ne repr\u00e9sentent qu’une petite partie des transcriptions. Les autres vise un public plus \u00e9tendu et n\u00e9cessitent donc un travail particulier pour que la lecture soit accessible et le moins r\u00e9barbative possible.<\/p>\n

Que ce soit pour un recueil de textes imprim\u00e9s, pour commenter une exposition, pour une \u00e9mission radio ou pour un montage audio-visuel, la premi\u00e8re d\u00e9marche est toujours la m\u00eame. Le transcripteur couche une premi\u00e8re version du texte oral dans sa globa\u00adlit\u00e9, se bornant simplement \u00e0 \u00e9liminer les accidents de langage les plus \u00e9vidents : h\u00e9sitations, r\u00e9p\u00e9titions, anacoluthes, etc. Cette op\u00e9ration permet au chercheur d’avoir sous les yeux les contenus de l’interview et de proc\u00e9\u00adder aux op\u00e9rations successives.<\/p>\n

S’il s’agit d’une \u00e9mission radio ou d’un montage audio-visuel, il faudra choisir les passages, v\u00e9rifier s’ils sont utilisables du point de vue de la qualit\u00e9 technique et si la coupure est possible au point envisag\u00e9. Si c’est pour une exposition ou pour une publication on choisit les passages puis on intervient sur le texte. Cette deuxi\u00e8me phase consiste en plusieurs op\u00e9rations qui tiennent toujours compte du public vis\u00e9 (enfants, adultes, niveau d’instruction, etc.). Il faut d’abord que le texte respecte, dans la mesure du possible, la grammaire du patois. Il faut ensuite proc\u00e9der \u00e0 un travail de \u00abnettoyage\u00bb : le t\u00e9moin, tout en \u00e9tant patoisant d\u00e8s sa naissance, tend \u00e0 introduire dans le discours des mots italiens tels quels ou sommairement adapt\u00e9s au patois du point de vue phon\u00e9tique.<\/p>\n

La plupart du temps, le t\u00e9moin utilise en alternance le mot sous sa forme patoise et sous celle italianis\u00e9e. Dans ce cas, le transcripteur remplace la forme italianisante o\u00f9 elle para\u00eet par celle en patois, bien connue par le t\u00e9moin. L’italianisme est ainsi consid\u00e9r\u00e9 comme un accident de langage. Il arrive parfois que le mot italien (ou, plus rarement, fran\u00e7ais) soit un n\u00e9olo\u00adgisme ou bien que le t\u00e9moin l’utilise syst\u00e9matiquement, d\u00e9montrant ainsi son ignorance du mot patois originaire ou la disparition dudit mot dans sa vari\u00e9t\u00e9 de patois. Dans ce cas le mot est maintenu et \u00e9crit entre guillemets.<\/p>\n

Quelquefois, plus ou moins consciemment, le t\u00e9moin tend \u00e0 adapter, phon\u00e9tiquement son patois \u00e0 celui de l’intervieweur : c’est un ph\u00e9nom\u00e8ne de plus en plus r\u00e9pandu qui est li\u00e9 \u00e0 la fr\u00e9quence des contacts que le t\u00e9moin a avec les patoisants des autres communes, au type de patois qu’il pratique (les habitants de F\u00e9nis, par exemple, utilisent rarement leur patois en dehors de leur commune puisqu’ils le jugent particuli\u00e8rement difficile \u00e0 comprendre) et \u00e0 ses habitudes personnelles. Le transcripteur dans ce cas r\u00e9tablit la forme phon\u00e9tique correcte.<\/p>\n

Le nettoyage linguistique accompli, le transcripteur peut encore intervenir pour \u00e9liminer des phrases qu’il ne juge pas pertinentes et pour apporter les petites corrections qui en sont la cons\u00e9quence. Il peut couper, mais en ligne de principe, il ne peut rien ajouter au texte originaire. Le travail du transcripteur est donc quelque chose de tr\u00e8s d\u00e9licat, qui implique sa responsabilit\u00e9 personnelle et qui pr\u00e9suppose une bonne connaissance du francoproven\u00e7al. Le texte transcrit, avant son utilisation, est, de rigueur, soumis au t\u00e9moin pour avoir son approbation ou, le cas \u00e9ch\u00e9ant, \u00e0 un patoisant de la m\u00eame commune pour qu’il en v\u00e9rifie la coh\u00e9rence linguistique.<\/p>\n

Les textes en patois sont g\u00e9n\u00e9ralement publi\u00e9s accompagn\u00e9s d’une traduction, en fran\u00e7ais ou, plus rarement, en italien. La traduction est, autant que possible litt\u00e9rale et accorde beaucoup d’espace aux formules du fran\u00e7ais r\u00e9gional.<\/p>\n

Mais le t\u00e9moignage oral peut aussi \u00eatre la source pour des \u00e9tudes qui ne pr\u00e9voient pas la publication du texte. C’est seulement l’information conte\u00adnue dans le texte oral qui int\u00e9resse le chercheur. Dans ce cas, la transcription ne doit pas \u00eatre n\u00e9cessairement compl\u00e8te et le chercheur peut aussi la coucher en traduisant simultan\u00e9ment en fran\u00e7ais.<\/p>\n

De tout cela, il ressort que la transcription, sous n’importe quelle forme, n’est jamais exhaustive et qu’elle est \u00e9troitement li\u00e9e aux finalit\u00e9s que le transcripteur se pose, \u00e0 sa sensibilit\u00e9 et \u00e0 sa comp\u00e9tence. La cassette trans\u00adcrite n’est donc pas vid\u00e9e de toutes ses possibilit\u00e9s : un autre chercheur peut en sortir des informations suppl\u00e9mentaires, n\u00e9glig\u00e9es par les transcripteurs pr\u00e9c\u00e9dents. Et en plus, elle repr\u00e9sente toujours, la source primaire, la seule r\u00e9f\u00e9rence du transcripteur, et elle doit \u00eatre conserv\u00e9e pour permettre les v\u00e9ri\u00adfications \u00e9ventuelles de la part d’autres chercheurs qui voudraient bien remonter \u00e0 la source. Les transcriptions non plus ne sont pas, g\u00e9n\u00e9ralement, exploit\u00e9es enti\u00e8rement. La plupart du temps elles sont m\u00eame exploit\u00e9es tr\u00e8s partiellement. Les premi\u00e8res transcriptions, les \u00ab int\u00e9grales \u00bb sont ainsi soigneusement conserv\u00e9es et constituent des dossiers \u00e0 la disposition de chercheurs.<\/p>\n

Phonoth\u00e8que signifie aussi lieu de conservation du mat\u00e9riel sonore. Nous sommes conscients que la voix de nos t\u00e9moins est confi\u00e9e \u00e0 du mat\u00e9riel p\u00e9rissable qui exige un minimum de pr\u00e9cautions pour \u00eatre sauvegard\u00e9.<\/p>\n

Conservation signifie avoir \u00e0 sa disposition des espaces pour le mat\u00e9riel et pour les fiches et des moyens financiers et humains pour le traitement du patrimoine.<\/p>\n

Ce que nous faisons dans le domaine de la conservation est probablement inad\u00e9quat mais c’est ce que nos moyens nous permettent actuellement. Nous utilisons avant tout des supports de bonne qualit\u00e9, des cassettes Sony UX\u00adS60 au chrome, qui devraient nous assurer, dans des conditions normales, une bonne conservation pour une vingtaine d’ann\u00e9es. Les cassettes sont rang\u00e9es dans des \u00e9tag\u00e8res express\u00e9ment con\u00e7ues et conserv\u00e9es dans des bureaux normalement chauff\u00e9s (20\u00b0 environ). Des vaporisateurs garantissent le degr\u00e9 d’humidit\u00e9 n\u00e9cessaire. Aucune autre pr\u00e9caution n’est prise. Il nous arrive de r\u00e9\u00e9couter les cassettes les plus anciennes et nous n’avons jamais constat\u00e9 de pertes de qualit\u00e9.<\/p>\n

D’ici une dizaine d’ann\u00e9es, le repiquage des fonds les plus anciens s’av\u00e9rera n\u00e9cessaire. L’informatique en pleine \u00e9volution est d\u00e9j\u00e0 \u00e0 m\u00eame de nous proposer des solutions qui devraient nous garantir une conservation presque illimit\u00e9e. Ce sera donc avant tout un probl\u00e8me de financements et d’organisation du travail.<\/p>\n

Personne ne met en discussion l’utilit\u00e9 des phonoth\u00e8ques. Ce qu’on met en doute est plut\u00f4t leur utilit\u00e9 rapport\u00e9e aux frais qu’elles engendrent. Une phonoth\u00e8que comme la n\u00f4tre, par exemple, a besoin de personnel, de mat\u00e9riel, d’espaces… L’engagement financier est-il justifi\u00e9 par la valeur des documents conserv\u00e9s ? Et encore… Ces documents conser\u00adv\u00e9s sont-ils utilisables ? Sont-ils utilis\u00e9s ? En d\u00e9finitive, quelles sont les retomb\u00e9es pratiques, ne fut-ce que sur le plan culturel, d’une institution de ce type ?<\/p>\n

Pour ce qui est de la valeur des documents, elle n’est certainement pas quantifiable. Il y a des savants qui consid\u00e8rent le t\u00e9moignage oral comme extr\u00eamement important, d’autres qui ne lui attribuent pas de valeur. Pour des Vald\u00f4tains conscients des mutations en cours et soucieux de la conservation de leur identit\u00e9 notre phonoth\u00e8que est inestimable, pour d’autres, c’est un assemblage de banalit\u00e9s et d’informations r\u00e9volues.<\/p>\n

L’utilisation des cassettes n’est pas facile et requiert un certain engage\u00adment de la part du chercheur et beaucoup de travail. Ce qui fait que les utili\u00adsateurs sont peu nombreux, bien que de qualit\u00e9. La phonoth\u00e8que n’est pas un monument \u00e0 proposer aux touristes, n’est pas un mus\u00e9e qui attire des visiteurs, n’est pas une institution qui retient l’attention de l’opinion publique, ne repr\u00e9sente pas un investissement imm\u00e9diatement productif, bref, n’a aucune de ces caract\u00e9ristiques qui pr\u00e9disposent au \u00ab succ\u00e8s \u00bb, donc au financement facile.<\/p>\n

Si notre phonoth\u00e8que a pu se constituer et se d\u00e9velopper, nous devons remercier la sensibilit\u00e9 de nos administrateurs qui ont su comprendre l’importance pour la Vall\u00e9e d’Aoste d’une telle initiative, qui ont su regarder vers l’avenir.<\/p>\n

Nous ne pouvons pas savoir ce que l’avenir nous r\u00e9serve. Le travail de l’AVAS est surtout un travail sur le pr\u00e9sent : nous voulons mettre en \u00e9vidence notre culture pour qu’elle soit appr\u00e9ci\u00e9e dans sa juste valeur ; nous voulons contrecarrer la tendance qui tend \u00e0 s’affirmer et qui va vers le nivel\u00adlement des comportements sur des standards qui nous sont \u00e9trangers, nous voulons que notre peuple puisse, au moins, choisir son avenir.<\/p>\n

En m\u00eame temps nous sommes conscients du fait que, n’importe comment, beaucoup de \u00ab choses \u00bb se perdront, que d’ici cinquante ans notre r\u00e9alit\u00e9 culturelle sera profond\u00e9ment chang\u00e9e ; que si nous n’y pensons pas maintenant, nos descendants n’auront m\u00eame plus de documents pour savoir d’o\u00f9 ils viennent ou ce qu’ils ont \u00e9t\u00e9.<\/p>\n

Notre phonoth\u00e8que, sous ce point de vue l\u00e0, sera d’ici cinquante ans une mine pr\u00e9cieuse pour ceux qui sentiront encore la n\u00e9cessit\u00e9 de se pencher sur eux-m\u00eames pour mieux se conna\u00eetre.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

MINIST\u00c9RE DE L’\u00c9DUCATION NATIONALE ET DE LA CULTURE COMIT\u00c9 DES TRAVAUX HISTORIQUES ET SCIENTIFIQUES Section d’histoire m\u00e9di\u00e9vale et de philologie Alexis B\u00e9temps, La phonoth\u00e8que de l’Association Vald\u00f4taines des Archives sonores (1980-1990), dans Bulletin de liaison des adh\u00e9rents de l’AFAS, 28-29, 1992<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_et_pb_use_builder":"","_et_pb_old_content":"","_et_gb_content_width":""},"categories":[47],"tags":[],"yoast_head":"\nLa phonoth\u00e8que de l\u2019AVAS (1980-1990) - Alexis B\u00e9temps<\/title>\n<meta name=\"description\" content=\"Dix ans se sont \u00e9coul\u00e9s depuis que la premi\u00e8re cassette est arriv\u00e9e \u00e0 la naissante Association vald\u00f4taine des archives sonores ...\" \/>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/betemps.eu\/phonotheque-de-lavas-1980-1990\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"it_IT\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"La phonoth\u00e8que de l\u2019AVAS (1980-1990) - 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